Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
263
DES FACULTÉS ATTRACTIVE ET ALTÉRATRICE.

je les ai ajoutées à celles dont Érasistrate a fait usage. Je préfère, puisque nous en sommes sur ce sujet, venir en aide aux disciples d’Érasistrate et conseiller à ceux qui divisent un vaisseau, désigné comme un corps premier et simple par Érasistrate, en d’autres parties élémentaires, qu’ils abandonnent ce système, attendu que, sans aucune utilité, ils sont en dissentiment avec leur maître. Que cette hypothèse n’offre aucun avantage, cela a été démontré clairement. En effet, elle n’a pu échapper aux objections soulevées au sujet de la nutrition. Qu’elle ne soit pas non plus d’accord avec Érasistrate, en indiquant comme composé ce que celui-ci appelle simple et premier, et qu’elle supprime l’art de la nature, cela me paraît encore évident ; car si nous ne laissons pas à ces corps l’unité de substance, si nous descendons à cette théorie d’éléments incohérents et indivisibles, nous abolissons complètement l’industrie de la nature, comme le font tous les médecins et philosophes auxquels cette théorie sert de point de départ. En effet, d’après une semblable hypothèse, la nature est postérieure aux parties de l’animal, elle n’est pas antécédente. Or, conformer et créer appartient non pas à celui qui est le second, mais à celui qui est le premier dans le temps. Il faut donc admettre nécessairement que les facultés avec lesquelles la nature conforme, accroît et nourrit l’animal, existent en même temps que le sperme. Mais pour les corps incohérents et indivisibles, aucun ne renferme en lui une faculté conformatrice, ou augmentatrice, ou nutritive, en un mot une faculté plastique. Car aucun d’eux n’est impassible, ni immuable ; tandis qu’aucune des opérations précitées ne se produit sans changement ni altération, et sans un mélange intime, comme nous l’avons démontré précédemment (I, x) ; or c’est précisément cette nécessité qui a contraint les partisans de ces systèmes, pour maintenir les conséquences des éléments établis par eux, à déclarer que la nature est sans art. Ces notions, ce n’est pas de nous que les disciples d’Érasistrate auraient dû les apprendre, mais des philosophes eux-mêmes dont l’avis est qu’il convient particulièrement d’examiner d’abord les éléments de toutes les choses qui existent.

On ne saurait donc supposer raisonnablement qu’Érasistrate ait poussé l’ignorance jusqu’à ne pouvoir comprendre la conséquence de son système et qu’il ait à la fois posé la nature comme