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DES FACULTÉS NATURELLES, II, vi.

artiste, et divisé la matière en éléments impassibles, incohérents et immuables. Et cependant s’il veut bien accorder aux éléments l’altération, le changement, l’union et la continuité, ce vaisseau simple, comme il l’appelle, deviendra un et incomposé. La veine simple se nourrira d’elle-même. Le nerf et l’artère seront nourris ; mais comment et de quelle façon ? Dans un précédent passage de notre discussion (voy. p. 260 et suiv.), nous avons indiqué la dissidence qui existe entre les disciples d’Érasistrate, et nous avons démontré que dans les deux systèmes la nutrition de ces vaisseaux simples était impraticable. De plus, nous n’avons pas hésité à juger le différend et à rendre hommage à Érasistrate, en le plaçant dans le meilleur système.

Maintenant passons au système qui établit que ce nerf élémentaire est un, simple, continu en tous points à lui-même, et examinons comment il se nourrira. Nous n’y trouverons rien qui ne soit déjà commun à la doctrine d’Hippocrate. Je crois préférable d’instituer nos recherches sur des individus malades et considérablement amaigris. Car chez eux l’on voit nettement toutes les parties du corps atrophiées, amaigries et ayant besoin d’une juxtaposition de particules élémentaires et d’une réfection abondante. Le nerf aussi, ce nerf visible dont il a été question dès le principe, est devenu grêle et a besoin de nutrition. Or il renferme en lui beaucoup de parties, ces petits nerfs premiers et invisibles, quelques artères et quelques veines simples. Évidemment donc tous ces nerfs élémentaires sont eux-mêmes amaigris. Autrement l’ensemble du nerf ne le serait pas. De même encore le nerf entier ne saurait avoir besoin de nutrition, sans que chacun de ces petits nerfs en ait également besoin. Avec ce besoin de nutrition, si nous ne pouvons invoquer pour eux le principe du remplacement à cause des inconvénients précédemment énoncés et du décharnement actuel, comme je le montrerai, nous devons chercher une autre source de nutrition. Comment donc le sang succédant au sang évacué ne saurait-il nourrir l’individu arrivé à cet état d’amaigrissement, parce que la succession dans les choses continues est nécessairement proportionnée à l’écoulement. Cette proportion suffit à la nutrition chez les gens bien portants, car chez eux l’addition de l’aliment doit être égale à la perte par écoulement. Mais chez les personnes excessivement amaigries et