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DES FACULTÉS NATURELLES, II, viii.

des recherches sur la production de cette humeur ? Eh bien, supposons qu’elle soit renfermée dans les aliments et non pas exactement sécrétée dans le foie, car tu regardes ces deux choses comme possibles : cependant il n’importe pas médiocrement, dans ce cas, que les aliments ingérés renferment peu ou beaucoup de bile. En effet, les premiers n’offrent aucun danger ; ceux qui contiennent beaucoup de bile, cette bile ne pouvant être convenablement purifiée dans le foie, seront la cause d’affections nombreuses et particulièrement de l’ictère, affections qui proviennent, selon Érasistrate, d’une bile abondante. Comment donc ne serait-il pas très-nécessaire pour le médecin de connaître d’abord que la bile est contenue dans les aliments introduits du dehors ; en second lieu, par exemple, que la bette en renferme beaucoup, le pain très-peu, l’huile beaucoup, le vin très-peu, et chacun des autres aliments une quantité inégale ? Comment ne serait-il pas très-ridicule celui qui choisit volontairement les aliments où se trouve beaucoup de bile au lieu de prendre les aliments contraires ? Mais quoi ! si la bile n’est pas renfermée dans les aliments, mais prend naissance dans les corps des animaux, n’est-il pas utile aussi de savoir quel est l’état du corps où il se produit le plus de bile, quel est celui où il s’en produit le moins ? Car nous pouvons toujours altérer, changer, modifier en mieux les mauvaises dispositions du corps. Mais si nous ignorons en quoi elles sont mauvaises et jusqu’à quel point elles s’écartent de l’état normal, comment pourrions-nous les améliorer ?

Il n’est donc pas inutile pour l’art de guérir, comme le prétend Érasistrate, de savoir la vérité elle-même sur la production de la bile. Cependant il n’est pas non plus impossible, et ce n’est pas une question obscure, de découvrir que si le miel se change et se tourne en bile, ce n’est pas parce qu’il renferme en lui-même beaucoup de bile jaune, mais parce qu’il se transforme dans le corps. En effet, le miel serait amer au goût, si, quand on l’introduit dans la bouche, il renfermait de la bile, et il engendrerait chez tous les hommes une égale quantité de bile. Or il n’en est pas ainsi. Chez les personnes arrivées à la force de l’âge, un peu chaudes naturellement et menant une vie laborieuse, tout le miel se change en bile. Au contraire, il est très-favorable aux vieillards, attendu qu’il se transforme chez eux, non en bile, mais en sang.