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DES FACULTÉS NATURELLES, II, viii.

génération des humeurs, je ne sais si l’on peut ajouter quelque chose de plus sensé à ce qu’en ont dit Hippocrate, Aristote, Praxagore, Philotime, et beaucoup d’autres anciens. Ils ont démontré en effet que l’aliment étant altéré dans les veines par la chaleur naturelle, le sang est produit par une chaleur modérée, tandis que les autres humeurs sont engendrées par une chaleur disproportionnée. Or tous les faits s’accordent avec cette assertion. En effet, parmi les aliments, ceux qui sont naturellement plus chauds sont plus chargés de bile ; ceux qui sont plus froids contiennent plus de phlegme. De même pour les âges, les plus chauds naturellement engendrent plus de bile, les plus froids engendrent plus de phlegme. De même encore pour les habitudes de la vie, les régions, les saisons, et avant tout les natures mêmes, les plus froides, produisent plus de phlegme, les plus chaudes, plus de bile. Parmi les affections aussi, les froides proviennent du phlegme, les chaudes, de la bile jaune. En un mot, on ne peut absolument rien découvrir qui ne confirme la justesse de cette assertion. Comment en serait-il autrement ? En effet, chaque partie agissant d’une certaine façon en vertu du mélange des quatre qualités, la lésion de ces qualités doit nécessairement entraîner l’abolition complète ou la gêne d’une action, et conséquemmentdans l’animal un état de maladie, soit général, soit partiel.

Les maladies premières et les plus génériques sont au nombre de quatre ; elles sont caractérisées par la chaleur, le froid, la sécheresse, l’humidité ; c’est un fait qu’Erasistrate lui-même reconnaît à son insu. Ainsi quand il dit que dans la fièvre la coction des aliments s’opère moins bien, non parce que la juste mesure de la chaleur est détruite, comme le supposaient les anciens, mais parce que l’estomac, lésé dans son action, ne saurait également embrasser et broyer les aliments, on pourrait lui demander justement par quoi l’action de l’estomac est lésée. Supposons chez une personne un bubon résultant d’un choc ; avant que la fièvre se déclare, la coction de l’animal ne s’opérera pas plus mal ; car aucun de ces deux symptômes, ni le bubon, ni la plaie ne suffiraient pour gêner et compromettre la fonction de l’estomac. Que la fièvre survienne, à l’instant la coction s’opère plus mal, à l’instant aussi nous disons, et avec raison, que l’action de l’estomac est lésée. Mais par quoi est-elle lésée ? C’est là