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DES FACULTÉS ATTRACTIVE ET ALTÉRATRICE.

si vous le faites, vous devez vous proclamer au moins empiriques ; nous devons, nous, défendre l’expérience ; Comment en effet trouverez-vous les traitements si vous ignorez la nature de chacune des affections ? Pourquoi, dès le principe, ne vous êtes-vous pas appelés empiriques ? et pourquoi nous avez-vous embarrassés en annonçant que vous étudiiez les fonctions naturelles en vue du traitement ? En effet si l’estomac est incapable — de se contracter et de broyer, comment, ignorant la cause de sa faiblesse, le ramènerons-nous à son état naturel ? Pour moi je dis : si l’estomac est trop chaud, il faut le refroidir, s’il est refroidi, il faut le réchauffer. De même s’il est trop sec, il faut le rendre humide, et s’il est trop humide, le rendre sec. De plus en combinant les qualités deux à deux, si l’estomac est devenu à la fois plus chaud et plus sec que dans l’état naturel, le point capital pour la guérison est à la fois de le refroidir et de le rendre humide. À l’inverse, s’il est devenu en même temps plus froid et plus humide, il faut à la fois l’échauffer et le dessécher, et de même dans les autres combinaisons. Mais que feront les disciples d’Érasistrate prétendant qu’on ne peut absolument rechercher les causes des fonctions ? L’avantage qu’on tire des recherches sur les fonctions, c’est, quand on connaît les causes des mauvais tempéraments, de les ramener à l’état naturel, puisque la connaissance seule de l’action de chacun des organes n’est pas le point important pour le traitement.

Érasistrate me paraît encore ignorer ce point : c’est que si quelque affection vient à léser dans le corps la fonction, non pas accidentellement mais primitivement et par soi-même, cette affection même est la maladie. Comment donc pourra-t-il diagnostiquer et traiter les maladies, s’il ignore absolument leur nature, leur nombre et leurs qualités ? Pour l’estomac, Érasistrate a daigné chercher comment les aliments y sont cuits. Comment n’a-t-il pas recherché quelle est la cause première et capitale de cette coction ? Pour les veines et le sang, comment a-t-il oublié même cela ? Ni Hippocrate, ni aucun des autres philosophes ou médecins cités un peu plus haut, n’ont mérité un pareil oubli. Ils affirment que dans chaque animal la chaleur tempérée et modérément humide qui lui est naturelle engendre le sang, et conséquemment, disent-ils, le sang est une humeur virtuellement chaude et humide comme la bile jaune est chaude et sèche, bien qu’elle paraisse très-humide