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DES FACULTÉS NATURELLES, III, vii-viii.

aliments, ou encore comme s’il pouvait les altérer, mais non par sa chaleur innée, qui est humide, et par laquelle, en conséquence, on dit que les aliments sont bouillis et non pas qu’ils sont rôtis. Il eût fallu, s’il voulait discuter sur le fond des choses, qu’il s’efforçât de démontrer d’abord et avant tout que l’estomac n’exerce aucun changement, que les aliments ne sont pas altérés par l’estomac dans leur qualité ; en second lieu, s’il ne pouvait prouver cela, il devait établir que l’altération de ces aliments est inutile à l’animal. S’il ne pouvait risquer cette accusation, il devait attaquer le système des principes actifs et démontrer que les fonctions existent dans les parties, non par un certain mélange du chaud, du froid, du sec et de l’humide, mais par quelque autre cause. S’il n’osait pas non plus hasarder cette critique, il devait prétendre que le chaud n’est pas, chez les êtres qui sont régis par la nature, le plus actif de tous les principes. Ou s’il ne pouvait démontrer ni ce point, ni aucun des précédents, il aurait dû s’abstenir de plaisanter inutilement en s’attaquant à une expression, comme si Aristote n’avait pas démontré clairement dans beaucoup de passages et dans le quatrième livre de sa Météorologie (chap. ii et iii) comment la coction est réputée analogue à la cuisson dans l’eau, et que ce n’est ni dans le sens primitif ni dans le sien propre. Mais, comme nous l’avons déjà dit précédemment (I, iii), le principe unique de toutes ces questions réside dans les considérations sur le chaud et le froid, le sec et l’humide, ainsi qu’Aristote l’a établi dans le deuxième livre Sur la génération et la corruption (chap. ii et iii) en montrant que tous les changements, toutes les altérations sont opérés par ces quatre éléments dans le corps. Mais Érasistrate, ne réfutant ni cette assertion, ni aucune des autres propositions énoncées, s’en est pris seulement au mot de cuisson ; omettant toutes les autres considérations, il s’est efforcé de démontrer que la coction opérée dans les animaux diffère de la cuisson à ciel ouvert.