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DES FACULTÉS NATURELLES, III, x-xi.



Chapitre x. — Raisons qui ont engagé Galien à écrire sur les facultés naturelles.


Je ne voudrais pas parler de la génération de ces superfluités après Hippocrate, Platon, Aristote, Dioclès, Proxagore, Philotime. Je n’aurais même pas parlé des facultés, si quelqu’un de nos devanciers en eût traité convenablement et complétement. Mais les anciens, qui ont laissé sur ce sujet d’excellentes dissertations, ont omis de discuter bien des points, ne soupçonnant pas que certains sophistes effrontés arriveraient à s’efforcer de contredire l’évidence. Parmi les modernes, il en est qui, subjugués par les sophistes, y ont ajouté foi ; d’autres ont cherché à les réfuter, mais ils sont bien loin, à mon avis, de la puissante critique des anciens. C’est pourquoi, dans la pensée que si quelqu’un de ces anciens vivait encore, il lutterait contre ceux qui renversent les plus belles doctrines de l’art, je me suis efforcé moi-même de rassembler, comme l’eût fait un ancien, des arguments péremptoires.

Le résultat que j’obtiendrai sera nul ou très-médiocre, je ne l’ignore pas. Je trouve, en effet, que beaucoup de questions très-bien démontrées par les anciens ne sont pas comprises d’un grand nombre de nos contemporains par suite de leur ignorance ; que ceux-ci même, dans leur indifférence, ne cherchent pas à les étudier, ou que, si l’un d’eux les connaît, il ne les juge pas avec impartialité. En effet, quiconque veut avoir des connaissances plus étendues que le vulgaire doit être supérieur, non-seulement par l’intelligence naturelle, mais encore par l’instruction première. Devenu jeune homme et comme inspiré par le ciel, il s’éprendra d’un violent amour de la vérité ; nuit et jour il entretiendra son ardeur et son zèle à étudier les écrits des anciens les plus illustres. Ces écrits connus, il vérifiera, par une longue expérience, les observations qui y sont contenues, considérant celles qui s’accordent avec les faits évidents, celles qui s’en écartent ; et alors il adoptera les unes et rejettera les autres. À un tel homme, cet écrit sera, je l’espère, extrêmement utile. Pour les autres, il sera aussi superflu qu’une fable racontée à un âne.