aliments ne dépouillent pas si vite leur qualité primitive qu’en tombant dans les intestins grêles, ils deviennent tout de suite excréments ; quant à la bile, une fois échappée des veines, elle ne tarde guère plus que l’urine à dépouiller sa qualité par une transformation et une corruption rapides. Or si dans l’utérus, l’estomac, les intestins, ou encore dans la vessie qui reçoit l’urine, se manifeste évidemment une distension, une mordication ou une pesanteur qui stimule l’excrétion de chacun des organes, il n’y a aucune difficulté à supposer le même fait dans la vésicule biliaire, ou dans tous les autres organes dont font partie évidemment les veines et les artères.
Maintenant il n’est plus difficile de comprendre que l’attraction et l’excrétion s’effectuent par le même canal dans des temps différents, puisqu’on voit évidemment le conduit de l’estomac (œsophage) non-seulement lui transmettre les aliments et les boissons, mais encore lui rendre un service tout contraire dans les vomissements. De même le col de la vésicule du foie, tout unique qu’il est, sert à la fois à remplir la vessie et à l’évacuer. De même encore le canal de la motrice laisse entrer le sperme et sortir l’enfant. Là aussi la faculté excrétoire est évidente ; mais la faculté attractive ne l’est pas également pour la plupart des médecins. Hippocrate, accusant d’inertie le col de la matrice, dit[1] : « Son canal ne peut attirer la semence intérieurement. » Érasistrate et Asclépiade sont si éclairés à cet égard, qu’ils dépouillent de cette faculté non pas
- ↑ Des eaux, des airs et des lieux, § 21. Hippocrate parle aussi en plus de vingt endroits de ses traités Sur les maladies des femmes, de l’impossibilité où se trouve le col de l’utérus de recevoir la semence ; et il donne diverses raisons de cette impossibilité.