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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/320

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DES FACULTÉS NATURELLES, III, xiii.

pulser ce qui ne l’est pas. Chez chacun de nous en particulier, dans un moment c’est le foie qui a plus de force pour attirer ; dans un autre c’est l’estomac. En effet, si l’estomac renferme une nourriture abondante et que le foie éprouve une appétence vive et un besoin pressant, ce viscère attirera certainement avec une force plus grande. Si, au contraire, il est saturé et distendu, tandis que l’estomac est dans un état d’appétence et de vacuité, alors la force de l’attraction passe dans ce dernier (cf. Util. des parties, IV, xix).

Supposez des gens qui tiennent à la main des aliments et cherchent mutuellement à se les ravir : si leur besoin est égal, naturellement le plus fort l’emportera, mais si ce dernier est rassasié et tient négligemment des aliments superflus pour lui, ou désire les céder à un autre, tandis que le plus faible les souhaite ardemment, rien n’empêchera ce dernier de prendre tout. De même l’estomac attire aisément du foie l’aliment quand il éprouve un vif désir de nourriture, tandis que ce viscère est saturé. Parfois l’animal ne souffre pas de la faim, grâce à l’aliment abondant contenu dans le foie. L’estomac ayant une nourriture meilleure et plus à portée, n’a aucun besoin d’aliments étrangers ; mais s’il vient à éprouver un besoin de nourriture et que le foie en soit dépourvu, il se remplit de superfluités. Ces superfluités sont des humeurs bilieuses, phlegmatiques et séreuses, les seules que le foie envoie à l’estomac, quand ce dernier le sollicite, ayant besoin d’aliment. De même donc que les parties attirent les unes des autres leur nourriture, de même aussi elles déposent parfois leur superflu les unes chez les autres ; et de même encore que dans la lutte d’attraction, c’était la plus forte qui l’emportait, il en est de même pour celles qui déposent leur superflu, et c’est là la cause de ce qu’on appelle fluxion. En effet, chacune des parties a une force de tension innée pour expulser son superflu. Quand donc une de ces parties devient plus faible par suite d’une certaine diathèse, les superfluités s’y déversent nécessairement de toutes les autres parties. En effet, la partie la plus forte dépose dans toutes celles qui l’avoisinent, chacune de celles-ci dépose à son tour dans d’autres qui sont plus faibles qu’elles, puis chacune de ces dernières dépose dans d’autres, et cela se continue jusqu’à ce que la superfluité, éliminée de toutes les parties, s’arrête dans une des plus