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DES FACULTÉS RÉTENTIVE ET EXPULSIVE.

faibles de toutes. Cette superfluité, en effet, ne peut s’écouler dans une autre partie, aucune des parties plus fortes ne l’accueillant, et celle qui en souffre ne pouvant la rejeter. Du reste, quand nous traiterons de la production et de la guérison des maladies, on pourra trouver là de nombreuses preuves de ce que nous avons convenablement démontré dans tout ce livre. Mais reprenons l’objet actuel de notre démonstration : qu’il n’y a rien d’étonnant que du foie il vienne de la nourriture aux intestins et à l’estomac par les mêmes veines qui naguère en transportaient de ceux-ci au foie (cf. Util. des parties, IV, xix). Chez beaucoup de gens qui ont abandonné brusquement et complètement de violents exercices, ou qui ont eu un membre coupé, a lieu à certaines époques, par les intestins, une évacuation subite de sang, comme l’a dit Hippocrate (Des articul., § 69 ; t. IV, p. 288) ; évacuation qui ne cause aucune incommodité, mais qui purge instantanément tout le corps et le débarrasse des superfluités, le départ de ces superfluités étant accompli par les mêmes veines qui opéraient naguère la distribution. Souvent encore, dans les maladies, la nature purge tout l’animal par ces mêmes veines. Ce n’est pas [dans tous les cas] une évacuation de sang ; l’évacuation se produit suivant l’humeur qui incommode. Ainsi dans le choléra[1] tout le corps est purgé par les veines qui aboutissent aux intestins et à l’estomac.

Croire que le mode de transport est unique pour les substances du corps, c’est ignorer complétement les facultés naturelles, les autres facultés aussi bien que la faculté excrétoire, qui est l’opposé de la faculté attractive. Car des facultés contraires ont nécessairement pour conséquence des mouvements et des transports contraires de matières. En effet, chacune des parties, quand elle a attiré le suc qui lui est propre, qu’elle l’a retenu et qu’elle en a joui, se hâte de déposer tout le superflu le plus vite et le plus commodément possible, d’après la pente de ce superflu. C’est ainsi que l’estomac se débarrasse, par des vomissements, des superfluités qui surnagent, et par des diarrhées de celles qui descendent au fond. Dans ce cas, nous disons que l’animal a des

  1. Sur le choléra des anciens, voy. Oribase, t. II, p. 816.