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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/324

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DES FACULTÉS NATURELLES, III, xiii.

l’expiration dans un autre, de même le foie attire de l’estomac la nourriture dans un temps, et l’estomac l’attire du foie dans un autre. Mais si ce mot à la fois signifie pour vous que dans le même animal un seul organe sert à des transports de matériaux en sens inverse, et si cela vous embarrasse, considérez l’inspiration et l’expiration. En effet, elles s’opèrent absolument par les mêmes organes, mais diffèrent par le mode de mouvement et de transport des matériaux. Ainsi le poumon et le thorax, les artères rugueuses (trachée-artère) et lisses (artères proprement dites), le cœur, la bouche et les fosses nasales, à des intervalles très-rapprochés, éprouvent des mouvements contraires et échangent des matériaux. Pour les veines qui aboutissent du foie aux intestins et à l’estomac, elles éprouvent le mouvement contraire, non pas à des intervalles aussi courts, mais une fois par hasard dans une longue suite de jours.

Voici comment l’opération a lieu dans son ensemble. Chacun des organes attire à lui la nourriture voisine, il en extrait toute l’humeur utile jusqu’à ce qu’il en soit rassasié, et cette humeur, comme nous le démontrions précédemment, il la dépose en lui, puis se l’applique, se l’assimile ; en un mot il se nourrit. Nous avons nettement expliqué en commençant (I, vii et suiv.) que la nutrition est, de toute nécessité, précédée par l’agglutination, dont elle diffère, et que l’agglutination est à son tour précédée par l’application. De même donc que les animaux cessent seulement de manger quand leur estomac est plein, de même pour chaque partie l’application ne cesse que par la plénitude de l’humeur propre. Lors donc que toute partie a de l’appétence au même degré que l’estomac, elle se nourrit, embrasse la nourriture et la presse sur tous les points de la même façon que l’estomac. De là résulte nécessairement, comme nous l’avons dit précédemment, pour les aliments la nécessité d’être cuits, l’estomac ne se contractant pas sur eux dans le but de les rendre propres aux autres parties, car alors ce ne serait plus un organe physique, mais un animal doué de raison et d’intelligence, apte à choisir ce qui est mieux. Si l’estomac se contracte, c’est que tout le corps possède une faculté capable d’attirer et de jouir des qualités propres, comme nous l’avons démontré précédemment. Parfois les aliments s’altèrent dans l’estomac. Aussi lorsqu’il est rempli et