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DES MUSCLES, DES TENDONS ET DES NERFS.

naît des muscles de la langue, attendu que la langue n’avait besoin de mettre en mouvement aucun os, étant destinée à articuler les sons, à distinguer les saveurs et à concourir à la mastication et à la déglutition. Si quelqu’un s’imagine que le cœur est dans le même cas, c’est qu’il n’a pas examiné attentivement la substance des tissus musculaires, autrement il aurait parfaitement reconnu que le cœur diffère grandement d’un muscle par l’épaisseur, par la conformation, par la texture et par la dureté. Il n’y ressemble en rien non plus par les fonctions (cf. Util. des parties, VI, viii). En effet, le double mouvement du cœur, mouvement rhythmique composé et perpétuel de diastole et de systole, n’a aucun besoin, pour exister, de l’impulsion de l’animal. Dans les muscles les mouvements ne sont pas du même genre et n’auraient pas lieu sans une telle impulsion. Il existe en effet dans la cavité du cœur des liens (tendons des colonnes charnues du cœur) exactement semblables aux tendons et sur l’utilité desquels nous parlerons ailleurs ; mais comprenez maintenant le mot lien dans sa signification vulgaire. Les lèvres, produites par un mélange exact de peau et de muscle, se meuvent sans os. De même, les yeux se meuvent volontairement, eux aussi, au moyen de muscles, mais aucun os ne se meut avec eux. La peau du front, des sourcils, de la plupart des parties de la face, se meut aussi volontairement, sans mouvement des os. Il y a cependant cette différence entre la peau de la face, entre les yeux et les lèvres, que pour la première, il existe, au lieu de muscle, une mince couche musculaire sous-jacente (peaucier), tandis que ce sont plutôt les muscles qui meuvent les yeux, et que la substance des lèvres se compose d’un mélange de peau et de muscle. Si le canal de l’estomac, nommé par les anciens œsophage, est un muscle lui aussi, et remplit chez les animaux les fonctions de muscle, c’est encore un muscle qui ne se termine pas en tendon, et qui ne meut pas un os. Quant au col de la vessie qui reçoit l’urine, il ressemble exactement à un muscle, eu égard à sa substance et à la fonction qu’il exerce. Il en est de même du muscle du fondement, soit qu’il faille le regarder comme un seul muscle ou comme plusieurs muscles réunis. Aucun os n’est mû par ces muscles non plus que par ceux qui descendent aux testicules et à la verge.