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DOCTRINE DES EMPIRIQUES.

sonnante). De même les médecins attachés à l’une ou à l’autre secte sont dits empiriques, observateurs et annalistes des phénomènes, s’ils s’en tiennent à l’expérience, ou rationnels, dogmatiques et analogistiques (raisonneurs) s’ils admettent le raisonnement.


Chapitre ii. — Méthode des empiriques pour trouver les remèdes.


Les empiriques disent que l’art a été constitué de la manière suivante : Comme on avait observé que parmi les nombreuses affections auxquelles les hommes sont sujets, les unes, par exemple, une épistaxis, des sueurs, une diarrhée, ou tout autre phénomène dont on ne saisissait pas la cause sensible, et arrivant spontanément dans l’état de santé ou de maladie, entraînaient soit du dommage, soit du soulagement, et que d’autres ayant une cause évidente, mais dépendant d’une sorte de hasard et non de notre détermination, par exemple avoir une hémorrhagie à la suite d’une chute, ou d’un coup, ou de toute autre espèce de blessure, ou encore, cédant à ses appétits, prendre dans une maladie de l’eau froide, du vin ou toute autre substance, entraînaient également avec soi dommage ou soulagement ; on a appelé physique (naturelle) la première espèce d’affections nuisibles ou favorables, et fortuite la seconde. La première vue de chacune de ces affections, ils l’appellent rencontre fortuite (περίπτωσις), tirant la manière de désigner ces phénomènes de ce qu’ils se présentent accidentellement et sans qu’on le veuille ; telle est l’espèce d’expérience qu’on appelle fortuite ; celle qu’on nomme improvisée (αὐτοσχέδιον) consiste à essayer avec intention un moyen qui a été suggéré soit en songe, soit de toute autre manière. Mais il existe aussi une troisième espèce d’expérience qui est l’imitative (μιμητική), et qui a lieu quand on expérimente à diverses reprises, dans des affections identiques, des moyens quelconques qui ont nui ou soulagé soit naturellement, soit par le hasard, soit qu’on ait essayé d’y avoir recours de propos délibéré. C’est là, suivant les empiriques, ce qui constitue surtout l’art ; car c’est après avoir imité, non-seulement deux ou trois fois, mais très-souvent, le traitement qui a soulagé une première fois, c’est après avoir constaté ensuite que le plus ordinairement il produit les mêmes effets dans les mêmes affections, qu’ils appliquent le nom de théorème à ce souvenir (c.-à-d. à