Aller au contenu

Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/405

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
393
RÉFUTATION DES MÉTHODIQUES.

signes ? Si c’est là ce qu’on veut dire, je ne sais pas en quoi les méthodiques diffèrent des anciens médecins. Comment se vantent-ils d’apprendre l’art en peu de temps, en six mois, par exemple ? Ils auraient, ce me semble, besoin d’un apprentissage assez long pour reconnaître ce qui échappe aux sens ; mais pour bien reconnaître ce qui échappe aux sens, on a encore besoin de l’anatomie qui enseigne la nature de chacune des parties internes, et de beaucoup de science dans la philosophie de la nature, afin de scruter la fonction et l’utilité de chaque partie ; avant d’avoir trouvé tout cela, il est impossible de reconnaître l’affection d’une partie profondément située. Est-il nécessaire d’ajouter qu’on a grand besoin de dialectique pour bien distinguer comment les effets se lient aux causes, et pour ne pas être trompé par le sophisme d’un autre ou de soi-même ? On voit, en effet, que nous nous faisons quelquefois des sophismes à nous-mêmes sans nous en douter.

J’aimerais à demander aux méthodiques, s’ils ont appris à discuter, ce que c’est que le flux ; car dire avec quelques-uns d’entre eux que le flux est un certain état contre nature, ne me paraît pas suffisant ; si on ne nous apprend pas quel est cet état, si c’est un relâchement, ou un ramollissement, ou une raréfaction, nous n’en serons pas plus avancés pour cela ; en effet, on ne les entend rien dire de clair à ce sujet, mais ils soutiennent ce qui leur passe par la tête, tantôt l’une, tantôt l’autre opinion, souvent toutes à la fois, comme si cela revenait au même. Si quelqu’un essaye de leur apprendre comment ces états diffèrent entre eux, et que chacun d’eux exige un traitement particulier, ils n’ont pas la patience d’écouter, mais ils blâment également les médecins anciens de ce qu’ils ont inutilement distingué ces états. C’est à ce degré qu’ils se donnent peu de peine pour rechercher la vérité ; ils ne souffrent pas même qu’on leur apprenne que le tendu est l’opposé du relâché, le dur du mou et le dense du rare ; qu’en outre, le flux est autre que la rétention des excrétions naturelles, et qu’Hippocrate a distingué tout cela. Ils se prononcent témérairement sur ces questions ; ils disent lestement et sans examen que le phlegmon (c’est ainsi qu’ils appellent une tumeur dure, rénitente, douloureuse et chaude) est une maladie par resserrement ; puis ils appellent d’autres inflammations des maladies compliquées, par exemple l’inflammation des yeux quand elle est accompagnée