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RÉFUTATION DES MÉTHODIQUES.

apprendre de combien de manières ce qui est d’abord contenu dans une partie est évacué plus tard. Ce phénomène a lieu si la partie contenante devient poreuse, si le contenu s’atténue et s’il est abondant, s’il se meut fortement, s’il est attiré par quelque chose de l’extérieur, ou s’il est poussé et pour ainsi dire rejeté par quelque chose à l’intérieur. Si quelqu’un, négligeant toutes ces conditions, n’admet qu’une cause de l’évacuation, la raréfaction des canaux, il semblera ne pas même connaître les choses apparentes, puisque nous voyons évidemment la laine, les éponges et d’autres substances d’une nature aussi rare, retenir et ne pas laisser échapper le liquide qu’elles contiennent s’il est peu abondant, mais le laisser échapper quand il est en plus grande quantité. Pourquoi, lorsqu’il s’agit des yeux, de la bouche et d’autres parties également poreuses, les méthodiques n’ont-ils pas admis la même chose, c’est-à-dire que ces parties pouvaient être quelquefois le siége d’écoulement à cause de l’abondance du fluide qu’elles contenaient, et non de la raréfaction des canaux ? Nous voyons également des vases de terre tellement poreux qu’ils laissent traverser l’eau ; mais si on y verse du miel, il ne passe pas, attendu que sa substance est plus épaisse que ne sont larges les pores du vase. Il n’était donc pas déraisonnable de croire que souvent il s’échappe quelque chose à cause de la ténuité, bien que le corps contenant ne soit pas naturellement percé, ou que la nature qui régit l’animal, faisant dans beaucoup de circonstances un effort puissant, peut évacuer tout le superflu par elle-même en l’exprimant et en le repoussant pour ainsi dire. Pourquoi serait-il difficile de se figurer cela pour celui qui s’occupe habituellement avec attention de la pratique de l’art, car les crises et les maladies s’opèrent à peu près de cette façon ?

Je passe sous silence les autres causes des évacuations ainsi que celles des rétentions qui leur sont opposées en nombre égal ; un pareil discours n’est pas fait pour les oreilles de ces gens-là. Je reviens à ce qu’ils comprendront peut-être mieux, ce me semble. L’œil peut être affecté de fluxion quand l’humeur est abondante ou ténue, ou quand la nature la pousse à travers cet organe, sans que les parties elles-mêmes s’écartent en quoi que ce soit de l’état normal. Il faut épaissir l’humeur ténue et évacuer l’humeur abondante. Quant à l’effort de la nature, il faut l’accepter lorsqu’il