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DU COU ET DU RESTE DE L’ÉPINE.

ment ; {{ancre|renvp29b}mais, selon sa coutume constante de travailler en artiste habile et de faire servir à d’autres utilités la structure d’une seule partie, elle a ici encore commencé par creuser intérieurement toutes les vertèbres afin de ménager un canal convenable à la portion de l’encéphale (moelle) qui devait descendre par cette voie ; de plus, elle n’a pas fait de toutes les vertèbres un seul os, simple, et non composé de diverses pièces assemblées. Cela pourtant était préférable pour la solidité de son assiette ; car le rachis ne pouvait alors subir ni luxation, ni torsion, ni autre affection semblable, sans la variété actuelle de ses articulations. Si la nature n’avait en vue que la résistance aux lésions, et si, dans la construction de chacun des organes, elle ne recherchait d’abord un autre avantage plus précieux, elle se fût bornée à faire l’épine simple et absolument d’une seule pièce ; car pour faire un animal en pierre ou en bois on ne s’y prendrait pas autrement. Dans ce cas, en effet, un seul os, soutien solide, étendu dans toute la longueur de l’épine, eût été préférable à cette foule de petits os divisés en articulations. Il est bien mieux aussi, je pense, que les membres soient ainsi faits chez les animaux taillés dans le bois ou dans la pierre. Le corps tout entier de semblables statues, s’il est taillé dans une seule pierre, est bien plus à l’abri des lésions que s’il eût été composé de plusieurs pièces. Quant à l’animal destiné à se servir de ses membres, à marcher avec ses pieds, à saisir avec ses mains, à baisser ou à relever le dos, il n’était pas préférable qu’il n’eût qu’un os aux pieds, aux mains, ni à l’épine tout entière ; mais comme il devait exécuter des mouvements nombreux et variés, mieux valait qu’il fût construit comme il l’est, qu’inhabile à se mouvoir. Une partie quelconque vient-elle à être privée de mouvement, elle paraît ne différer en rien de la pierre, et de cette façon l’animal n’est plus animal. En conséquence, si le mouvement est inhérent à la substance de l’animal, et si ce mouvement ne pouvait avoir lieu sans articulation, il était mieux que le squelette fût composé de parties nombreuses.

Considérez maintenant la limite assignée au nombre de ces os ; si la jambe a besoin de parties nombreuses, elle n’en a pas besoin pour cela d’un millier ; mais la nature a un second but qui sert à déterminer pour chaque partie le nombre d’os qui convient à cette partie. Ce but est la résistance de tout l’organe aux lésions. Pour