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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/42

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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XII, xi.

vous, si vous examinez tour à tour et isolément chacun des buts, quand vous réfléchirez que toutes les parties de l’animal doivent se mouvoir en divers sens, vous accuserez la nature qui a donné un si grand os à la cuisse et un si grand os au bras ; d’un autre côté, quand vous aurez en vue seulement la solidité, vous penserez que l’épine ne devait avoir qu’un seul os et non pas, comme elle en a en réalité, plus de vingt. Mais la nature ne considère pas les deux buts séparément ; toujours elle les a tous deux présents : pour le degré d’estime [que mérite la partie], la fonction est la première, la solidité est la seconde ; pour la persistance de l’état de santé, la solidité est au premier rang ; au second est la fonction. Si vous voulez regarder les choses en vous plaçant à ce point de vue, j’espère démontrer actuellement, à propos des vertèbres de l’épine, comme je l’ai précédemment démontré au sujet des mains et des jambes (II, viii suiv., xvii ; XII, vi), qu’on ne saurait imaginer une combinaison plus exacte et plus équitable à la fois des exigences de la fonction et de la résistance aux lésions.


Chapitre xi. — Nécessité de l’existence de la moelle : elle ne pouvait occuper une autre place que celle qui lui a été assignée. — En conséquence, l’épine a quatre utilités premières et une utilité conséquente. — Particularités anatomiques que ces utilités ont entraînées.


Il est donc inutile de démontrer plus longuement que si toute l’épine se composait d’un os unique, l’animal serait, quant à cette partie, privé de mouvement, étant comme traversé par une broche ou percé d’outre en outre par un pieu. Cela même ne nous eût pas échappé, je pense, si nous eussions été à la place de Prométhée {cf. X, iii ; t. I, p. 616). Mais ce que ni vous, ni moi, ni tout autre encore nous n’eussions pas deviné, ce que Prométhée pourtant a bien compris, je vais vous le dire tout à l’heure (chap. xii) en expliquant pourquoi les vertèbres de l’épine, loin de n’être que deux, trois, quatre ou en nombre très-restreint, sont aussi nombreuses et articulées d’une façon aussi variée qu’on les voit effectivement. Je montrerai en effet que leur nombre présente la mesure la plus parfaite, que toutes les apophyses, que l’assemblage des articulations, que les symphyses, les ligaments et les trous ont été admirablement disposés en vue de la fonction et en même temps de la résistance aux lésions, et que si vous y faites le