Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/413

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
401
DES THÉORÈMES EN MÉDECINE.

vulgaire ; et même il n’y aura plus d’artiste, puisque dans cette supposition, pour l’un comme pour l’autre, la perception est la même et se rapporte aux mêmes choses. On peut donc, à juste titre, appeler les phénomènes le principe de l’invention des théorèmes ; mais ces phénomènes ne sont pas le principe de l’art. De même on dirait que les traces sont le principe de la découverte du lièvre, mais personne ayant le sens commun ne les appellera le principe du lièvre, car le lièvre n’est pas formé de traces. Ainsi on désignera à bon droit les phénomènes comme le principe de l’invention des théorèmes, attendu que c’est en partant de ces phénomènes et en les rassemblant, que les fondateurs de l’art l’ont constitué ; mais les phénomènes ne sont pas les principes de l’art, car il faut rapporter les principes à la qualité de la chose dont ils sont les principes ; donc il convient que les principes de l’art ne soient pas évidents pour les gens du vulgaire ; car tous les arts ne sont pas clairs pour eux [et à plus forte raison les principes de ces arts] ; ensuite les principes de l’art s’enseignent et les phénomènes ne s’enseignent pas ; voilà pourquoi on aurait tort de dire que les phénomènes sont le principe de l’art.


Chapitre iv. — Sur quoi reposent les théorèmes et comment on les établit. — Exemples de diverses espèces de théorèmes.


Les théorèmes reposent en effet ou sur les phénomènes ou sur les choses qui se perçoivent par un intermédiaire, ou sur ce qui a été démontré auparavant, ou sur les choses évidentes, et cela à peu près de cette façon : par exemple, sur les phénomènes : quelqu’un observe plusieurs individus morts d’une blessure au cœur, il recherche la cause de la mort, et trouve, par le raisonnement, que la mort n’est le résultat ni d’un défaut de force, ni d’un manque de moyens curatifs, mais qu’elle est survenue à cause de l’importance de l’utilité de cette partie ; il reconnaît en conséquence que la vie ne saurait se conserver sans la fonction de cette partie et sans le service que le corps en retire. Coordonnant par le raisonnement ce qu’il a trouvé par les phénomènes, il fait le théorème suivant : Si quelqu’un est blessé au cœur, il mourra. Donc ce que par le raisonnement on a trouvé être la conséquence des phénomènes, et qu’on énonce d’une manière géné-