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RÉFUTATION DES EMPIRIQUES.

controverse ? En outre, pour juger du degré de confiance, les empiriques emploient un moyen qu’eux-mêmes rejettent ; car, en disant qu’il faut croire un observateur quand il ne raconte ni par amour de la gloire, ni par amour de la controverse, ils expliquent les causes pour lesquelles il faut croire un observateur. Ainsi, la recherche des causes, lors même qu’elle ne serait pas utile à autre chose, serait au moins utile à cela. Nous-mêmes nous ne faisons pas autre chose, et nous disons qu’il faut s’occuper beaucoup du pourquoi, ce que les empiriques eux-mêmes paraissent faire lorsqu’ils jugent l’histoire. Mais nous, nous nous servons du pourquoi, et en général de la cause, pour juger les choses qu’on raconte, tandis qu’ils l’emploient pour juger du caractère de l’historien. Or, porter un jugement sur le caractère, n’est pas l’affaire des médecins, mais des philosophes.

En outre, les empiriques ajoutent encore ce qui suit pour prouver l’inutilité de juger l’histoire par l’expérience : lorsque quelqu’un raconte que Crète est une île, vous comprenez qu’il en est ainsi quoique vous n’ayez jamais vu l’île de Crète par vos propres yeux ; de même, suivant eux, nous n’avons pas besoin de juger l’histoire par l’expérience lorsque plusieurs sont d’accord sur les mêmes choses, mais nous avons confiance dans l’opinion du grand nombre. À cela, nous répondons : Nous croyons ce qu’on nous raconte par rapport à l’île de Crète, c’est-à-dire qu’elle existe, parce que nous prenons notre point de départ dans les raisons probables suivantes : qu’on est venu de Crète ici, qu’on est allé d’ici en Crète, et que nous avons des amis crétois auxquels nous écrivons et qui nous écrivent également des lettres, puisque tous les hommes sont d’accord sur ce point, même les gens les plus ennemis entre eux. Mais pour les faits médicaux, on n’est presque d’accord sur rien ; quoique les médecins soient en très-petit nombre par rapport à tout le genre humain, non-seulement ils ne sont pas d’accord, mais ils ont les opinions les plus opposées, comme nous l’avons montré tout à l’heure. Voilà donc pourquoi on a besoin d’un criterium pour juger l’histoire médicale.

Les empiriques soutiennent encore que parmi les choses compréhensibles quelques-unes se comprennent par les sens, par exemple, la rougeur ; d’autres en frappant l’attention, comme sont celles qui se comprennent à l’aide de certains signes, mais