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GÉNÉRALITÉS SUR LE DIAGNOSTIC DES LIEUX AFFECTÉS.

homme d’une intelligence exercée dans la science des fonctions et des utilités des parties, et non moins versé dans l’anatomie qui nous initie à cette science et qui nous apprend, outre beaucoup de choses, la propriété de la substance de chaque partie.

Ainsi il existe à la trachée-artère un corps cartilagineux nommé bronche[1], et dont ceux-là seuls qui l’ont examinée sont en mesure de connaître la substance. Quand donc il arrive que ce cartilage est expulsé par la toux, nous pensons qu’il existe au poumon un ulcère considérable, lequel résulte d’érosion ou de gangrène. Dans le cou tout entier, entre le pharynx et le poumon, se trouve un corps d’une nature semblable ; mais il ne saurait s’y former une si grave ulcération : l’animal succomberait auparavant. Au contraire, elle est possible dans le poumon, viscère si aisément gangrené par l’humidité, si facilement rongé par des humeurs pernicieuses et rempli de petites bronches. Il n’est pas possible, en effet, qu’une partie seule de ces bronches se gangrène, il faut que la bronche tout entière (anneau cartilagineux incomplet) soit rejetée, après la rupture des ligaments qui la rattachent aux bronches suivantes et qui sont affectés bien avant les bronches elles-mêmes. Celles-ci, en effet, sont cartilagineuses, dures et épaisses, tandis que les membranes qui les rattachent sont minces et sans force. Nous avons même vu une portion non petite de vaisseau (f. membr. canaliculée) rejetée en toussant, ce qui indiquait encore clairement aux personnes habiles en dissection, qu’elle venait du poumon. En effet, les vaisseaux de la trachée-artère du cou lui-même sont tous des vaisseaux capillaires, en sorte que non-seulement la nature propre, mais encore la grandeur de la substance montre souvent et sans obscurité quel est le lieu affecté. Ainsi encore, lorsqu’on voit dans une dyssenterie, parmi les déjections, une tunique d’intestin plus considérable, eu égard à la largeur et à l’épaisseur, que celles des intestins grêles, on conjecturera, non sans raison, que l’ulcération existe dans les gros intestins. Une fois, un jeune homme ayant expulsé, en toussant, une tunique épaisse et visqueuse, nous conjecturâmes que c’était le corps interne du

  1. Galien appelle ici trachée-artère la trachée proprement dite et les bronches. Quant au mot βρογκίον, il s’applique seulement aux anneaux cartilagineux qui constituent la partie solide des bronches.