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DES LIEUX AFFECTÉS, I, iv.

distinguer. Mais faut-il dire que la fonction de l’estomac est lésée ou ne l’est pas dans de semblables circonstances, c’est une recherche superflue pour la pratique de l’art médical.

Supposons maintenant une personne ayant des rapports nidoreux, mais n’ayant mangé aucun aliment qui explique cette qualité des rapports ; nous dirons qu’elle a une chaleur ardente à l’estomac, puis nous déterminerons si cette chaleur résulte d’une dyscrasie du corps de l’estomac ou de la présence d’une quantité de bile jaune ou épanchée dans la cavité stomacale ou absorbée dans les tuniques du viscère de façon qu’il est difficile de la faire disparaître. Cependant nous ne nous en tiendrons pas là et nous rechercherons immédiatement si c’est du foie fonctionnant mal qu’une telle humeur provient, ou si elle découle du corps entier, ou encore si elle a pris naissance dans l’estomac même. En effet, ces distinctions sont très-nécessaires et réclament un homme d’une intelligence exercée, instruit des choses plutôt que des termes qui les désignent. Car si l’espèce de la corruption [nidoreuse ou acide] des aliments marque clairement la cause efficiente, il n’est pas également facile de trouver une indication bien précise de l’origine de cette cause.

Si les aliments deviennent nidoreux dans l’estomac, non par leur nature, la cause efficiente doit nécessairement être chaude ; s’ils s’aigrissent, elle doit être froide. Cependant il n’est pas encore évident si c’est une dyscrasie qui existe dans le corps de l’estomac, ou quelque humeur pernicieuse. Mais il faut le déterminer en donnant des aliments de la nature la plus opposée au mode de la corruption, par exemple, du pain et de l’alica (voy. Oribase, t. I, p. 559 et 619) contre les rapports nidoreux, du miel contre les rapports acides. Ensuite il faut examiner les matières vomies ou rendues par les selles et vérifier, si elles sont évacuées avec une humeur bilieuse et chaude chez celles-ci, pituiteuse et froide chez celles-là ; ou si, exemptes d’humeur, elles ont subi une légère transformation. En effet, s’il est survenu dans l’estomac même une dyscrasie par chaleur ardente, sans humeur, vous verrez le pain et le gruau rendus avec une très-légère transformation. Si c’est une humeur pernicieuse qui corrompt la nourriture, les aliments eux-mêmes paraissent imprégnés d’une humeur semblable et assez visiblement altérés par son action. Ces choses se