Le but que nous devons nous proposer, ainsi qu’Érasistrate nous y exhorte sans cesse, c’est d’exercer notre raisonnement sur toutes les parties de l’art, et surtout sur celle qui nous occupe maintenant : le diagnostic des lieux affectés. Nous l’exerçons de trois manières : d’abord eu égard à chacune des parties du corps, que l’on appelle lieux ; secondement, eu égard aux causes et aux affections, enfin eu égard à la différence des symptômes. Quand on l’exerce sur les lieux affectés, on procède ainsi : les symptômes particuliers à une maladie du cerveau, de l’estomac ou du colon sont tels ; et de même pour toutes les autres parties. En ce qui concerne les affections et les causes : les symptômes particuliers de l’inflammation sont tels, ceux du squirrhe sont tels, ceux du refroidissement sont tels, et ceux de la plénitude ou de la décomposition sont tels. Aussi, eu égard aux symptômes, cette douleur révèle telle diathèse ou tel lieu affecté ; la toux, tel ou tel ; de même pour le vomissement, l’hémorrhagie, la diarrhée, le spasme, le frisson, le délire. Chacune de ces circonstances étant ainsi distinguée des autres, on saura facilement ce qui est bien et ce qui est mal dit. Un examen détaillé démontrera clairement que cela est ainsi.
Et d’abord, puisqu’Archigène s’est particulièrement étendu sur ce sujet, croyant que la différence des douleurs pouvait faire connaître les lieux affectés, nous devons examiner sérieusement ce qui regarde les douleurs. La douleur avec sensation d’engourdissement (ναρκώδης) a, suivant Archigène, son siége dans les nerfs ; mais il se trompe évidemment. L’engourdissement naît en effet