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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XII, xv.

art, et si la nature n’eût pas eu le but que nous indiquons, en attribuant à la moelle son épaisseur, on aurait dû trouver, ou que la moelle ne se prolongeait pas dans toute la longueur de l’épine, ou qu’elle présentait quelque chose de superflu après s’être distribuée dans toutes les parties. En effet, si elle fût sortie de l’encéphale moindre que ne l’exigeait l’utilité des parties, on trouverait alors l’extrémité du rachis vide de moelle ; et, conséquemment aussi, les parties inférieures seraient complétement privées de mouvement et de sensibilité. Si elle eût été créée trop forte, il y aurait, à l’extrémité de l’épine, une portion oisive et inutile, comme une eau stagnante[1]. Si donc ni l’un ni l’autre de ces défauts ne se rencontre dans aucune espèce d’animaux, et si toujours la moelle finit avec l’épine, comme elle a commencé avec elle, comment ne serait-on pas persuadé de la vérité de mes paroles, et comment, en même temps, n’admirerait-on pas la nature ? Pour moi, quand je vois cette moelle, destinée chez l’homme à se partager en cinquante-huit nerfs[2], sortir de l’encéphale assez forte pour suffire exactement à cette distribution, et n’ayant rien de défectueux ni de superflu, je ne puis égaler mon admiration a son mérite. Si vous considérez l’endroit où chacun des nerfs se détache d’abord de la moelle, la grandeur de ce nerf, la partie vers laquelle il se dirige, vous louerez, non pas seulement l’art, mais l’équité de la nature. En effet, les endroits d’où les nerfs

  1. Évidemment Galien n’a jamais vu la moelle épinière de l’homme, autrement il n’aurait pas dit qu’elle commence et finit avec le canal du rachis ; chez l’homme adulte en effet la moelle n’occupe guère que les trois cinquièmes supérieurs de ce canal, mais chez presque tous les mammifères, à commencer par les singes, elle descend beaucoup plus bas. — Quant au rapport entre le diamètre de la moelle et celui du canal rachidien, la proportion des trois cinquièmes se retrouve encore, d’où l’on voit que Galien considère non la moelle seule, mais la moelle et ses enveloppes. Du reste, Galien n’a vu les choses qu’en gros ; il n’a pas pris de mesures exactes : il constate, par exemple, que la moelle est plus volumineuse au niveau de certaines vertèbres, mais il ne développe, ni ne précise sa pensée, et ne semble pas, par exemple, avoir reconnu l’existence des renflements brachial et crural. — Voy. du reste la Dissert. sur l’anatomie.
  2. Ailleurs Galien admet 30 paires de nerfs, ce qui est beaucoup plus près de la vérité, puisqu’il regarde la dernière paire comme la terminaison même de la moelle. — Voy. Dissert. sur l’anatomie et mon Exposition des connaissances de Galien touchant l’anatomie, etc., p. 44.