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DE LA DOULEUR COMME MOYEN DE DIAGNOSTIC.

qui est au milieu, et que tout le monde appelle chair, n’est pas seulement de la chair, comme on peut s’en convaincre par une dissection délicate, mais que cette chair est entremêlée de fibrilles excessivement fines, en lesquelles se résout le genre nerveux. Sous cette dénomination commune de genre nerveux, je comprends les ligaments et les tendons. Nous avons démontré que ceux-ci en se distribuant dans la chair, composent la substance des muscles ; pour exister cette chair avait besoin d’artères et de veines.


Chapitre iii. — Dans quels cas les pulsations artérielles sont accompagnées de douleurs. — Discussion sur les causes et le siége des pulsations avec douleur ou engourdissement.


Quand l’animal est dans son état normal, les pulsations sans douleur appartiennent aux artères seules ; mais quand il survient une inflammation intense, ou un érysipèle, ou un abcès, nous percevons avec douleur le pouls des artères ; tandis qu’auparavant, lorsque le corps était sain, nous ne le percevions ni avec ni sans douleur. Voici à peu près ce qui arrive : les parties enflammées sont excessivement douloureuses dans ces deux circonstances : lorsqu’elles sont portées à se mouvoir et lorsqu’elles sont comprimées par quelque chose. Lors donc qu’un muscle tout entier est enflammé, nous sentons la douleur de deux manières : quand les artères s’élèvent, il y a mouvement, de sorte qu’elles compriment les chairs environnantes, qui, en même temps, les compriment à leur tour. Tel est le mécanisme du pouls dans les parties en flammées, et c’est à ce phénomène seulement que les anciens appliquaient le nom de pouls (σφυγμός) ; mais dans la suite, ils ont appelé ainsi tout mouvement des artères perceptible aux sens. Toutefois, la pulsation avec engourdissement (τὸ ναρκῶδες σφύζειν), n’est pas un phénomène inséparable des muscles affectés, ou qui leur soit entièrement propre, attendu que la pulsation (τὸ σφύζειν) en général ne leur est pas même propre non plus, pourvu qu’on entende le mot σφυγμός dans le sens de pulsation avec douleur. En effet, dans les squirrhes et dans les œdèmes proprement dits, ainsi que dans les dyscrasies sans tumeur, le mouvement des artères est exempt de douleur. Dans les affections inflammatoires, ce mouvement n’est pas toujours douloureux, mais seulement lorsque l’inflamma-