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DES LIEUX AFFECTÉS, II, iii-iv.

tion est intense. Bien plus, quand le muscle est sain et que l’artère seule est atteinte d’une affection inflammatoire, ses pulsations sont douloureuses. Je dis affection inflammatoire, afin que l’on entende par ce mot générique, outre l’inflammation, l’érysipèle et l’abcès. Les pulsations sont un symptôme de l’intensité de ces affections. S’il arrive dans ces affections que les pulsations semblent accompagnées d’engourdissement d’après la sensation qu’éprouve le malade (car il peut aussi percevoir l’engourdissement), on saura que l’affection est alors dans les nerfs du muscle et que ces nerfs sont près d’être paralysés. L’engourdissement est en effet un intermédiaire entre la paralysie et l’état sain.

Le pouls avec douleur accompagne les affections inflammatoires considérables, et se fait sentir non-seulement dans les artères mêmes, mais encore dans les parties environnantes, quand elles les compriment, faute d’espace, et les frappent en quelque sorte dans leurs mouvements d’élévation, pourvu toutefois que la partie affectée soit susceptible de sensation. Ce n’est donc pas dans la péripneumonie que surviendra la douleur pulsative, ni dans la pleurésie, à cause de la nature des parties : le poumon est insensible, et la pleurésie est une maladie de la membrane qui tapisse les parois de la poitrine. La partie de cette membrane qui est en rapport avec les côtes, est forcément comprimée : mais toute la partie intermédiaire échappe à la compression, et ne devient douloureuse que par une suite naturelle de l’inflammation. Dans cette région se trouvent aussi des artères situées dans les espaces appelés intercostaux ; elles rampent dans les parties épaisses et lâches des parois de la poitrine, et à une assez grande profondeur ; de sorte qu’elles ne sont pas en contact avec la tunique qui tapisse les côtes. Il résulte de cette disposition que le mouvement de ces mêmes artères, dans la pleurésie, ne peut occasionner de la douleur au malade, ni même une sensation quelconque. Mais s’il arrive que les muscles intercostaux soient enflammés, la diastole des artères deviendra nécessairement douloureuse, et par suite sensible pour le malade. La sensation du battement sera proportionnée à l’intensité de l’inflammation. C’est pourquoi, si les pulsations sont très-violentes, les parties enflammées suppureront ; car la suppuration est la suite des inflammations intenses. Tout ce qui a été dit démontre donc évidemment que la douleur qui ac-