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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/527

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DE LA DOULEUR COMME MOYEN DE DIAGNOSTIC.

de nausées, qui persistent longtemps sans vomissement, avec sensation de morsure aux hypochondres, dégoût et malaise. Il est probable que ces douleurs, lorsqu’elles sont très-violentes, ont leur siége dans les gros intestins ; au contraire, lorsque les douleurs sont plus légères, il arrive de deux choses l’une, ou bien elles ont aussi le même siége, mais résultent d’une cause plus légère, ou bien elles affectent les intestins grêles. Quant aux douleurs qui donnent la sensation d’une morsure, elles sont dues à une humeur mordicante qui corrode l’intestin. Voilà pourquoi ces douleurs précèdent toujours la dyssenterie, celle du moins qui s’accompagne d’ulcérations intestinales, et à laquelle tous les médecins modernes, et la plupart des anciens, ont exclusivement donné le nom de dyssenterie. Il en est, en effet, qui ont aussi donné ce nom à cette autre espèce de dyssenterie appelée sanguinolente à cause de l’aspect des déjections. Dans cette maladie le sang est quelquefois rendu pur et en grande quantité ; d’autres fois le sang est rendu en aussi grande quantité, mais sous la forme de lie et de fange, ce qui est un symptôme d’une affection du foie ; le sang qui est ainsi rendu pur et en grande quantité, a souvent pour effet d’évacuer tout le corps, comme font les hémorrhoïdes ou les menstrues. Du reste, nous reviendrons là-dessus dans la suite (voy. livre VI, chap. i-iv). Je reprends maintenant mes explications relatives aux différentes espèces de douleur, car tel est le principal objet des recherches que je me suis proposées dans ce livre. Commençons par celle qu’on appelle pongitive (νυγματώδης) et qui a pour siége ordinaire les membranes ; car la racine du mal semble fixée là où se fait sentir la douleur pongitive ; et de ce point elle s’irradie comme d’un centre aux parties voisines. C’est ainsi que la douleur dans la pleurésie est pongitive, de l’aveu de presque tous les médecins, de même que celle de l’inflammation est pulsatile.


Chapitre vi. — Réfutation d’Archigène qui avait assimilé les sensations douloureuses aux saveurs et leur avait donné les mêmes noms.


Ce n’est pas à l’agacement des dents (αἱμωδία) que l’on peut assimiler la douleur des parties membraneuses, ainsi que l’a écrit Archigène. Nous savons en effet que ce n’est pas la bouche tout entière, mais les dents seulement et les gencives qui sont sujettes