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DES LIEUX AFFECTÉS, II, viii.

dant, par suite de la compression des parties voisines, continue en ces termes : « Les vaisseaux fortement serrés arrêtent les céphalalgies non inflammatoires, en prévenant l’afflux des humeurs ; le bandage barbare est souverainement efficace. Quant aux hémicranies sphacéleuses[1], le meilleur moyen de les circonscrire, c’est la division des vaisseaux et surtout de l’artère. Lorsque l’artère est primitivement affectée, elle produit une douleur pulsative et sautillante (lancinante) ; elle s’arrondit avec un frissonnement marqué ; les veines deviennent dans ce cas comme variqueuses ; les nerfs sont distendus et durcis en se contournant. Cela produit des douleurs avec engourdissement et sentiment de tension dure, profondes, térébrantes, pleines d’étroitesse (voy. p. 523, les explications de Galien) et point du tout diffuses. Les douleurs qui siègent sur les membranes s’étendent en largeur et sont inégales ; de sorte qu’elles ont quelque chose d’analogue à l’hæmodie (agacement des dents), c’est-à-dire qu’elles ont de l’aspérité dans la transmission. Souvent la surface (voy. p. 524) et les membranes qui sont interposées entre les chairs (les aponévroses ?) sont ainsi affectées ; dans ces cas la souffrance est déchirante. Quant aux douleurs nées dans les parties qui enveloppent les os, vous trouverez qu’elles sont moulées (προστυπεῖς), de façon qu’elles semblent appartenir aux os mêmes. Les veines produisent des douleurs pesantes, avec sensation de tiraillement en bas et d’obstruction uniforme ; les chairs causent des douleurs diffuses (κεχυμένοι) et lâchée (χαλαρώτεροι) ; c’est pourquoi il n’y a point de sentiment de tension prononcée, de sorte que la sensation est celle d’un toucher flottant sur des aspérités. Les muscles offrent dans les douleurs qui les affectent, un certain mélange des propriétés [des douleurs] de la chair, des nerfs et aussi des artères ; ils sont turgescents pour ainsi dire, se distendent dans une certaine largeur, et donnent des pulsations avec engourdissement. Quant aux autres espèces de douleurs, la douleur ulcéreuse (sensation d’une plaie récente), aussi bien celle qui dans les ulcères est légèrement aigre, que celle qui est plus douce, s’accompagnant de démangeaisons (prurigineuse), paraissent appartenir à la surface, la douleur pongitive appartient

  1. Voy. dans mon édition des Œuvres choisies d’Hippocrate, Paris, 1855, p. 268-70 ; et, plus bas, les explications de Galien.