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DE LA DOULEUR COMME MOYEN DE DIAGNOSTIC.

aux parties profondes. Au voisinage des sinus purulents, la douleur, piquante comme un aiguillon, nous manifeste que certaines parties du lieu affecté souffrent, et d’autres non, attendu qu’elle n’a pas en effet un siége très-profond. La douleur qui a son siège dans les sinus purulents est déchirante. »

Voilà les propres paroles d’Archigène, dans son premier livre des Lieux affectés ; il s’efforce d’enseigner comment on pourra découvrir le siège des maladies, par l’examen des différentes espèces de douleurs. Examinons attentivement cette opinion, en reprenant dès le commencement. « La section des vaisseaux, dit-il, circonscrit les hémicrânies sphacéleuses. » Ce qu’il entend par hémicrânies sphacéleuses est difficile à savoir, car on n’est pas d’accord sur le sens du mot sphacèle (σφάκελος ; — voy. p. 518, l. 5). Les uns veulent que ce mot signifie une grande douleur ; les autres une inflammation tellement excessive qu’elle est capable d’amener la perte de la partie affectée, ce que quelques-uns appellent gangrène. Suivant d’autres, on appelle sphacèle la perte même du membre affecté ; d’autres nomment ainsi le spasme ; ceux-ci, non pas simplement le spasme, mais celui qui résulte de l’inflammation des parties nerveuses : ceux-là, non pas le spasme qui se manifeste, mais celui qu’annonce l’intensité de l’inflammation : pour les uns, le sphacèle est une tension violente, et pour les autres, la corruption des parties. Le mot sphacéleuse, employé par Archigène dans le passage déjà cité, est si obscur, qu’il n’a point de sens. Du reste, il n’a donné dans aucun traité particulier l’explication des termes médicaux. — Quant au mot circonscrit (περιγράφει), il serait facile de supposer qu’il signifie guérit vite ou complétement : admettons qu’il ait ce sens : car enfin, à quel parti s’arrêter quand on veut se rendre compte de ce que l’auteur lui-même ne s’est pas soucié de rendre clair ? II dit que les artères transmettent une douleur pulsative et lancinante, lorsqu’elles sont elles-mêmes primitivement affectées dans l’hémicrânie sphacéleuse. J’ai déjà expliqué plus haut ce que c’est que la douleur pulsative, connue de tous les médecins, avant l’explication que j’en ai donnée, pour être un symptôme des grandes inflammations. La douleur lancinante est celle qui a comme sa racine dans la partie primitivement affectée, et s’étend de là aux parties voisines ; ce qu’on observe, non-seulement dans les hémicrânies dont parle Archigène, mais encore