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DES LIEUX AFFECTÉS, II, ix.

tentissement sur les organes voisins, puisqu’elle s’étend jusqu’à la clavicule, et produit souvent la dyspnée, quelquefois la toux et la dyssenterie, et il n’est pas rare de voir cette douleur gagner les fausses côtes. Comment donc peut-on dire avec vérité qu’elle reste en un lieu ? Vaudrait-il mieux croire que l’on appelle fixe la douleur qui est en quelque sorte permanente ? Mais telle n’est pas en réalité la douleur hépatique ; nous venons de le démontrer. Nous avons démontré plus haut que la douleur avec engourdissement n’est pas particulière à une partie, mais plutôt à une affection. Que si elle est propre à quelque partie, ce ne peut être au foie, mais bien aux organes doués de nerfs. La douleur « inflexiblement appesantie » est en opposition avec la douleur accompagnée d’engourdissement (douleur sourde ?), car elle est violente et continue. Or, la douleur du foie n’a point ces caractères ; elle est plutôt pesante. Quant à la douleur pesante, elle n’est pas exclusivement propre au foie, puisqu’elle affecte aussi la rate et les reins enflammés.

Cependant Archigène, je ne sais pourquoi, n’a fait mention de cette espèce de douleur qu’en parlant de la rate, sans tenir compte de ce que dit Hippocrate (Épid., VI, i, 5) : « La douleur des reins est pesante. » Toutefois, ce n’est là qu’une légère faute ; mais il a un plus grand tort, c’est de prendre souvent [pour les appliquer aux douleurs] les noms propres aux autres sensations, comme il le fait dans le cas présent, où il appelle âpres les douleurs des reins et astringentes celles de la vessie. Mais ce sont là des noms de saveurs, que distinguent l’organe de la langue et le sens du goût. Le mot astringent (στύφων) signifie quelque chose de plus général ; l’acerbe et l’âpre (αὐστηρὸν καὶ στρυφνόν) entraînent un sens plus restreint. L’un et l’autre sont astringents, mais surtout l’âpre. Par exemple, la noix de galle, appelée verte, la plupart des grenades sont âpres et particulièrement les coings et beaucoup d’autres aliments. Tout ce qui est acerbe est désagréable au goût, non-seulement les médicaments, tels que l’hypociste, la fleur de grenade sauvage, la noix de galle, le sumac ; mais encore tous les aliments de cette espèce. Par conséquent, il n’est pas possible de comprendre quelle est la douleur qu’Archigène appelle âpre ou acerbe, pas plus que celle que l’on appellerait bleue, rouge, brune, ou de toute autre couleur.