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DU COU ET DU RESTE DE L’ÉPINE.

les rattacher à une espèce de borne commune sans inclinaison, droite, et qui devait être comme le couronnement de la voûte.

De plus, la grandeur de chacune des apophyses qui, disions-nous, constituent l’épine, est inégale dans toutes les vertèbres, et cela, par une admirable prévoyance de la nature (cf. XIII, ii). En effet, ni, dans les régions où quelque autre partie importante se trouvait en rapport de situation avec la moelle, il n’était raisonnable de ne pas tenir compte de la grandeur de ces apophyses, ni, dans celles où la moelle était seule, il n’était juste de les créer allongées : aussi de petites vertèbres il ne fallait pas engendrer une longue épine, ni de grandes vertèbres en engendrer une courte. La nature a donc eu raison, dans les parties du thorax où se développe le cœur et où la grande artère (aorte) est située sur le rachis, de créer très-longues les apophyses qui forment l’épine, et de les créer très-courtes dans toutes les autres parties[1] : or les autres parties du rachis sont les lombes, l’os sacré et le cou. Les lombes et le cou se trouvent aux deux extrémités des vertèbres thoraciques ; l’os sacré est le plus grand et le plus inférieur : la nature, disions-nous (chap. xiii) l’a établi comme une base sous la série des vertèbres. Aux lombes, le volume des vertèbres est remarquable ; la veine cave et la grande artère (aorte) reposent intérieurement sur elles. Dans l’os sacré, le volume du corps est plus considérable, mais il ne supporte aucun organe important[2]. C’est donc avec raison qu’après les apophyses des vertèbres thoraciques, ce sont les apophyses postérieures des vertèbres lombaires qui ont été créées les plus grandes. Les vertèbres du cou, étant les plus minces, n’auraient pu avoir d’apophyses à la fois longues[3] et solides : en effet, vu leur ténuité, elles se seraient aisément brisées. Nous étions donc en droit de dire, tout à l’heure, que c’était en raison du volume des vertèbres et de la différence des organes si-

  1. La cause de la dimension variable des apophyses épineuses, soit sur un même individu, soit dans la série des vertébrés, n’est pas du tout celle que nous donne Galien ; elle est en rapport avec les lois de la mécanique animale ; par conséquent il y a solidarité entre le volume de ces apophyses, véritables bras de leviers, et les muscles mêmes du rachis. C’est très-secondairement que les organes placés au-devant du rachis peuvent exercer une influence sur ces dispositions.
  2. Galien, aveuglé par la théorie, ne voit rien de ce qui se trouve dans le bassin.
  3. L’anatomie comparée donne un démenti complet à cette proposition.