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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/563

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DES AFFECTIONS DU SYSTÈME NERVEUX.

leur presque intolérable, mais il n’est en rien inférieur aux plus puissants agents. » Il conseille des apophlegmatismes composés de moutarde, de cresson, des baies de Cnide, de staphysaigre (masticatoires. — Voy. Oribase[1]) ; il prescrit des sternutatoires et des vins aromatisés dans lesquels il fait entrer des médicaments très-échauffants et très-desséchants, montrant par là qu’il croit que l’humide et le froid constituent la diathèse, soit de l’encéphale, soit des méninges ; car une semblable diathèse dans le crâne ne pourrait faire perdre la mémoire.

Mais passons sur ces détails. En effet, il vient offrir des médicaments desséchants et échauffants, sans avoir démontré nulle part que la perte de la mémoire résulte du froid et de l’humide. Et qui ne s’irriterait en le voyant accabler la tête de tant de remèdes, quand [selon lui] c’est une autre partie (le cœur) qui est affectée ? Quant à l’application de ventouses à la tête, mentionnée au début du livre d’une manière générale, il la précise plus loin très-nettement en ces termes : « Comme excitants, la moutarde et des ventouses non scarifiées, le plus souvent légères, parfois très-énergiques ; mais les ventouses avec scarifications sont plus efficaces. » C’est sans aucune raison, illustre Archigène, que vous appliquez tous ces remèdes à la tête quand c’est le cœur qui est affecté. En effet, l’expérience, pour m’adresser aux empiriques, ne peut conduire à un pareil traitement. Dans un accès de fièvre ardente, un individu qui ne sait pas régler ses appétits éprouve du soulagement en buvant de l’eau froide, et l’imitation de cet exemple est pour les médecins en dehors de toute indication rationnelle, le point de départ d’un traitement semblable [dans le même cas]. Mais une circonstance fortuite n’a pu conduire à l’application de ventouses, elle résulte d’une indication rationnelle ; car jamais ventouse ne s’est produite spontanément, et jamais, admît-on ce fait, elle n’a pu être appliquée fortuitement à la tête, surtout dans une affection si rare. Je demandai aux médecins de mon temps, vieillis dans une longue pratique, s’ils avaient jamais guéri une semblable affection. Presque tous me répondirent qu’ils n’en avaient pas même fait l’épreuve ; un seul me dit avoir

  1. Œuvres d’Oribase, texte grec, traduit en français par Bussemaker et Daremberg. — Paris, 1854, t. II, p. 812.