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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/565

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DES AFFECTIONS DU SYSTÈME NERVEUX.

gère les dogmatiques [dans le sens d’Archigène], et cela non pas d’une façon simple, mais de deux façons, toutes deux considérables ? Car, si l’expérience est tellement utile que, non-seulement elle trouve les remèdes sans le raisonnement, mais encore qu’elle convainc ce raisonnement d’être manifestement trompeur ; non-seulement le raisonnement est inutile, mais encore il semble qu’employé par les médecins dogmatiques, il soit dommageable. Il suffirait, dit-on, qu’il fût convaincu d’inutilité. Mais quand le raisonnement paraît encore nuisible, que pourrait-on dire de plus fort pour prouver qu’il est mauvais ? Ainsi ces nombreux raisonnements sur l’âme dirigeante, présentés sous forme de questions avec tout l’appareil de la dialectique ; ceux encore sur l’utilité des lieux affectés, deux espèces de raisonnements qui indiquent dans les affections psychiques d’adresser les remèdes au cœur, ont été dédaignés subitement par Archigène ; de sorte que cet homme si exercé aux traitements négligeant complétement les parties du thorax, s’en va appliquer des ventouses à la tête, l’inciser, la brûler quand elle n’a aucune affection !

Me suis-je donc trompé, par Jupiter ! quand je disais tout à l’heure que la méthode logique pour découvrir les médicaments est complétement trahie par ceux qui se décideraient à trahir leur patrie plutôt que leur doctrine. En effet, il leur semble qu’il y ait trahison à dire la vérité quand ils doivent être en désaccord avec les partisans de la même secte. Mais s’ils montrent évidemment dans ce cas un amour déplorable pour les discussions, ils donnent également une preuve de leur folie en s’imaginant que tous leurs dogmes sont bouleversés si un seul est réfuté. Car s’il en est qui s’enchaînent et d’autres qui se contredisent, il en est qui ne présentent ni une conséquence ni une contradiction forcée, comme le dogme même de l’âme dirigeante. En effet qu’on la place dans le cœur ou dans l’encéphale, on peut adopter sur les éléments naturels l’opinion qu’on voudra, sans que celle-ci contredise la première opinion ou en soit une conséquence. Il en est de même des questions sur la génération et la mort, sur la substance de l’âme, sur les Dieux, la Providence, sur le Destin ; comme aussi de ces problèmes : le monde est-il créé ou incréé, l’univers est-il infini ou borné, existe-t —il beaucoup de mondes, des mondes sans nombre ou ce monde seul que nous voyons ? Aucun des dogmes