Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/566

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
554
DES LIEUX AFFECTÉS, III, vi.

énoncés ne dérive du principe dirigeant de l’âme ni ne le contredit, soit qu’on le place dans le cœur ou dans l’encéphale. C’est donc trahir toute la secte dogmatique que d’indiquer de pareils traitements. Les démonstrations sur l’âme dirigeante, si claires que tous les hommes ont pleine foi dans la partie où elle réside, ne paraissent pas telles aux yeux seuls de ces médecins et de ces philosophes qui la placent dans le cœur. Pour les démonstrations, je les ai exposées dans les commentaires que j’ai écrits sur les dogmes d Hippocrate et de Platon. Quant à la croyance générale, que l’âme raisonnable réside dans l’encéphale, 1’âme virile et irascible dans le cœur, l’âme concupiscente dans le foie, c’est ce qu’on peut apprendre chaque jour, en entendant dire d’un fou qu’il est sans cervelle, d’un être pusillanime et lâche, qu’il est sans cœur. Le foie du géant Tityas rongé par un aigle n’est pas seulement décrit par les poëtes, mais encore représenté par les sculpteurs et par les peintres.


Chapitre vi. — Que les affections de l’âme dirigeante siégent dans le cerveau comme cette âme elle-même. — Division des dyscrasies qui donnent naissance à ces affections.


Il convient maintenant de revenir à notre sujet. Comme tous les médecins reconnaissent, par les médications mêmes qu’ils emploient dans les affections de l’âme raisonnable, qu’elle réside dans la tête, il était convenable d’examiner pour chaque affection quelle est sa diathèse. Soit, par exemple, la lésion de la mémoire, puisque c’est d’elle que je veux parler. Souvent, en effet, elle se produit conjointement avec une lésion de la raison de la même manière que la lésion de la raison est unie à celle de la mémoire, la diathèse étant la même dans les deux cas, mais plus intense lorsque la raison est perdue avec la mémoire, ce qui alors se nomme folie. Ces deux facultés se perdent dans le léthargus et dans toutes les affections comateuses ; la diathèse dans ces affections est nécessairement du même genre, d’abord dans la division la plus générale, parce qu’il y a dyscrasie (en effet, il a été démontré que la dyscrasie est une diathèse commune aux parties homoïomères qui ont une fonction primordiale) ; ensuite dans la division secondaire, parce que c’est dans tous les cas une dyscrasie froide ; c’est elle qu’on voit engourdir les fonctions psy-