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DES LIEUX AFFECTÉS, III, x-xi.

ténèbres extérieures inspirent la peur à presque tous les hommes, si ce n’est aux individus naturellement très-audacieux ou instruits ; de même la couleur de la bile noire, en obscurcissant, comme le font les ténèbres, le siége de l’intelligence, engendre la crainte. Que les humeurs, et généralement le tempérament du corps, altèrent les fonctions de l’âme, c’est un point sur lequel les médecins et les philosophes les plus illustres sont d’accord, et que j’ai démontré dans un livre où je prouvais que les facultés de l’âme suivent les tempéraments du corps (voy. le Ier vol., p. 47 et suiv.). Aussi ceux qui ignorent la faculté des humeurs, et de ce nombre est Érasistrate, n’ont rien osé écrire sur la mélancholie. À cet égard, l’on peut remarquer avec étonnement les notions connues du vulgaire, et certaines de ses opinions, au sujet desquelles beaucoup de philosophes et de médecins sont plongés dans une profonde ignorance. Ainsi, tout le monde appelle cette affection mélancholie, indiquant par le nom quelle humeur en est cause. Si donc les premiers symptômes se déclarent dans l’estomac, et que leur développement soit suivi d’affections mélancholiques, que le patient soit soulagé par les déjections et les vomissements, par les vents d’en bas et par les éructations, nous nommerons, dans ce cas, la maladie hypochondriaque et flatulente, et nous dirons que la tristesse et la peur en sont les symptômes. Mais quand apparaissent de graves symptômes propres à la mélancholie, qu’il ne s’en montre aucun ou seulement de peu d’importance dans l’estomac, alors il faut croire à une affection primaire de l’encéphale par une accumulation de bile noire. En conséquence, on doit distinguer, et c’est ce que nous avons dit un peu auparavant (p. 564-5), si une semblable humeur est contenue dans l’encéphale seul ou dans le corps tout entier. Je veux citer le fait suivant dont mes amis ont été témoins : j’ai guéri, à l’aide de bains nombreux et d’un régime succulent et humide, une semblable mélancholie, sans autre remède, lorsque l’humeur incommode, n’ayant pas séjourné longtemps, n’était pas difficile à évacuer. Si la maladie est déjà invétérée, elle réclame d’autres remèdes plus énergiques, outre ceux que nous avons signalés. Une semblable mélancholie naît à la suite de diathèses chaudes de la tête, soit échauffement, inflammation ou phrénitis. Elle survient encore à la suite d’inquiétudes et de chagrins avec insomnie. II suffit de ces détails sur la mélancholie.