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DES AFFECTIONS DU SYSTÈME NERVEUX.

Il semble qu’il y ait une inflammation dans l’estomac, et que le sang renfermé dans la partie enflammée soit épais et atrabilaire. De même donc que, si de l’estomac il remonte aux yeux quelque exhalaison fuligineuse ou fumeuse, ou, en général, certaines vapeurs très-épaisses, il se produit des symptômes semblables à ceux des suffusions (cataractes) ; de même dans le cas actuel, quand l’exhalaison atrabilaire, semblable à de la suie ou à de la fumée, remonte à l’encéphale, il se produira dans l’intelligence les symptômes mélancholiques. Il est certain que nous voyons très-souvent des douleurs de tête résulter de la bile jaune contenue dans l’estomac, de même que cette douleur disparaît immédiatement dès que la bile est vomie. Parmi ces douleurs, il en est de mordicantes et de rongeantes, comme on en voit d’autres accompagnées de pesanteur, ou de tension, ou d’assoupissement. Les meilleurs médecins s’accordent à dire que ce ne sont pas seulement ces affections, mais encore l’épilepsie, qui se jettent sur la tête en dérivant de l’estomac. Les mélancholiques sont toujours en proie à des craintes ; mais les images fantastiques ne se présentent pas toujours à eux sous la même forme. Ainsi, l’un s’imaginait être fait de coquilles, et en conséquence évitait tous les passants de peur d’être broyé. — Un autre, voyant chanter des coqs qui battaient des ailes avant de chanter, imitait la voix de ces animaux et se frappait les côtés avec ses bras. — Un autre redoutait qu’Atlas, fatigué du poids du monde qu’il supporte, ne vînt à secouer son fardeau, et de cette façon ne s’écrasât lui-même en même temps qu’il nous ferait tous périr. Mille idées semblables leur traversent l’esprit. — Il existe des différences entre les mélancholiques. Tous sont en proie à la crainte, à la tristesse, accusent la vie et haïssent les hommes, mais tous ne désirent pas mourir. Il en est, au contraire, chez qui l’essence même de la mélancolie est la crainte de la mort. D’autres vous paraîtront bizarres ; ils redoutent la mort et en même temps la désirent. Aussi Hippocrate paraît avec raison avoir ramené sous deux chefs tous les symptômes propres aux mélancholiques : la crainte et la tristesse. C’est par suite de cette tristesse que les mélancholiques haïssent tous ceux qu’ils voient, et paraissent continuellement chagrins et pleins d’effroi, comme des enfants et des hommes ignorants qui tremblent dans une profonde obscurité. De même, en effet, que les