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DES LIEUX AFFECTÉS, IV, iii.

bien qu’il réside dans les mêmes nerfs, parce qu’il exige une appréciation plus exacte[1]. En effet, le sensorium du toucher est le plus grossier, comme celui de la vue est le plus subtil. Après la vue, vient au second rang, pour la subtilité, le sens de l’ouïe, et pour l’épaisseur, comme après le toucher c’est le goût qui est le plus grossier, le sens de l’odorat se trouve au milieu des quatre. Le mouvement de la langue dérive de la septième paire des nerfs (12e paire des modernes ; voy. Ibid., chap. xii et xiii), issus de l’encéphale, dans le voisinage du principe de la moelle dorsale. Quand donc les deux parties de l’encéphale, la droite et la gauche, se trouvent affectées dans cette région, il y a danger d’apoplexie (paralysie générale). Quand c’est une partie seulement, cela se termine par une paraplégie qui abolit parfois le mouvement seul dans une moitié de la langue, et parfois se jette sur les parties inférieures de la tête, tantôt les unes, tantôt les autres, et parfois sur toute une partie du corps jusqu’à l’extrémité des pieds. On voit donc la langue être la seule des parties de la face atteinte de la susdite lésion, sans que les sens du toucher et du goût soient lésés en elle. La cause en est évidente pour vous qui avez vu les nerfs se détacher de la partie antérieure de l’encéphale pour se rendre à la face, et de la partie postérieure [ainsi que de la moelle] pour se distribuer à toutes les parties qui sont au-dessous de la face dans l’animal tout entier ; de ces derniers nerfs fait aussi partie la paire qui aboutit aux muscles de la langue, muscles qui accomplissent volontairement les mouvements de cet organe. Il est donc naturel, quand la partie antérieure seule de l’encéphale est affectée, que le mouvement de la langue demeure intact, tandis que toutes les autres parties de la face perdent leurs mouvements sensitifs et volontaires dans une partie, soit la droite, soit la gauche. Si la partie antérieure tout entière de l’encéphale est affectée, nécessairement son ventricule supérieur est également affecté par sympathie, et les fonctions intellectuelles sont lésées. L’individu ainsi affecté est privé de sensibilité et de mouvement, sans éprouver aucune lésion de la respiration ; cette affection est appelée carus, de même qu’on appelle apoplexie celle où la respiration est si

  1. Voy. I, vi, p. 500, note 3.