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DES LIEUX AFFECTÉS, IV, vii-viii.

tait en même temps, n’ayant par lui-même aucune affection primaire. Mais les médecins, ne connaissant ni ces nerfs ni ceux qui se trouvent dans chaque partie du derme tout entier, au lieu d’appliquer le remède sur une partie très-limitée, à l’origine du nerf, tourmentent les parties qui ne sont nullement affectées. Quant à moi, je vous ai démontré souvent que plusieurs nerfs ont comme leur racine dans la moelle même, que d’autres se détachent, pour ainsi parler, des grands troncs issus de la moelle, et que ces nerfs eux-mêmes, à leur tour, se ramifient et se distribuent, les uns dans des parties très-nombreuses du derme, d’autres dans des parties moins nombreuses. Aussi, je suis étonné lorsque je vois des hommes instruits en anatomie ignorer ces faits, et chercher dans les paralysies la cause pour laquelle ce n’est pas toujours le mouvement et la sensibilité des parties paralysées qui sont abolis, mais tantôt le mouvement, tantôt la sensibilité, et tantôt le mouvement et la sensibilité. Ils pensent en effet que les extrémités des nerfs distribués dans les muscles se dirigent vers le derme, et qu’en conséquence, lorsque le nerf ramifié dans le muscle est affecté dans les diathèses graves de ce nerf, il y a lésion à la fois de la sensibilité et du mouvement ; que dans les diathèses moindres, il conserve encore la sensibilité qui n’exige pas une grande force pour l’exercer (cf. p. 500, note 3), mais perd le mouvement qui ne peut avoir lieu sans une force puissante. En effet, parfois un muscle qui meut toute la jambe ou le bras, et qui par conséquent a besoin de force, ne pouvant plus agir lorsqu’il est affecté, rend le membre immobile, tandis que la faculté sensitive qui sert à distinguer les impressions que reçoit la partie, reste dans ce membre exempte de lésion parce qu’elle n’a pas besoin d’une grande force. En effet, les parties faibles ne sont pas moins sujettes aux affections ; elles le sont plutôt davantage, et le diagnostic de l’affection se tire suffisamment même de l’affaiblissement d’une faculté. Ainsi, pour une semblable paralysie, leur raisonnement est vraisemblable ; mais pour la paralysie où la sensibilité est perdue et le mouvement conservé, ils donnent des raisons si frivoles que mieux vaudrait pour eux garder le silence. Quelques-uns, comprenant la difficulté de la question, n’ont pas hésité à dire qu’on n’a jamais vu une forme telle de la paralysie, où, la sensibilité étant abolie, le mouvement soit conservé. En effet,