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AFFECTIONS DES ORGANES RESPIRATOIRES.

il n’est rien que n’osent ceux qui s’abstiennent des œuvres de l’art et qui se proclament chefs de secte ; ils sont prêts à tous les mensonges, rapportent, comme les ayant vus, certains faits qu’ils n’ont pas même aperçus en songe, tandis que pour maints autres dont ils sont incessamment témoins, ils prétendent ne les avoir jamais aperçus.


Chapitre viii. — Du rejet du sang par la bouche. — Distinction très-exacte des diverses sources de ce sang. — De l’ulcération qu’entraîne le crachement de sang qui vient de la rupture d’un vaisseau du poumon. — Le sang rejeté par la bouche provient quelquefois de la morsure d’une sangsue logée dans le nez, dans le pharynx, dans l’œsophage ou l’estomac.


Les médecins ont déjà reconnu que le sang est vomi par l’œsophage et l’estomac, et qu’il est rejeté par la toux des organes respiratoires. Le sang qui vient de la région du pharynx et de la luette est rejeté du gosier en raclant, comme celui qui vient de la bouche est simplement craché. Cependant, nous voyons souvent, lorsqu’il descend de la tête avec assez d’abondance, principalement s’il tombe en dedans (en arrière) de la luette, vers le pharynx, que son expulsion est accompagnée de toux ; tombant en effet subitement dans le larynx, il provo que la toux. Ce qu’il importe donc dans ce cas, c’est de ne pas s’imaginer que le sang remonte des organes respiratoires, comme je sais que certains médecins l’ont supposé faussement ; leur propre erreur leur a fait croire que beaucoup d’excellents confrères se sont trompés en déclarant que l’hémorrhagie accompagnée de toux est très-dangereuse parce qu’elle indique une grave affection du poumon[1] ; attendu que la rupture d’un petit vaisseau dans le poumon n’est pas chose indifférente. II est possible aussi que, par érosion (δίαβρωσις), corrosion (ἀνάβρωσις) ou, comme on voudra l’appeler, un rejet précipité de sang ait souvent lieu avec toux. Si une personne qui

  1. Le raisonnement est ici elliptique : ces médecins qui croyaient que le sang rejeté par la bouche avec toux vient du poumon, ayant vu guérir des malades qui présentaient cette espèce de rejet de sang, accusaient leurs confrères de penser que toute hémoptysie avec toux était dangereuse, en raison de sa source. Ces deux classes de médecins avaient en réalité également tort : ceux qui croyaient que tout sang rejeté avec toux vient du poumon, et ceux qui soutenaient que toute hémorrhagie de cette nature est éminemment dangereuse.