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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/621

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AFFECTIONS DES ORGANES RESPIRATOIRES.

tres[1]. Dans le thorax, la plupart des vaisseaux rompus qui ont occasionné des crachements de sang s’agglutinent ; et quand même l’ulcération persiste longtemps, elle ne devient pas entièrement incurable. Au contraire, les ulcérations chroniques du poumon, fussent-elles guéries, y laissent un résidu calleux et fistuleux, qui avec le temps s’excorie aisément pour de petites causes ; et, avec les matières crachées, remonte parfois ce que les médecins nomment croûte d’ulcère (ἐφελκίς, (voy. I, i, p. 471) et quelque gouttelette de sang. Ces accidents sont communs aux ulcères qui surviennent dans un autre lieu, mais les matières provenant de l’œsophage et de l’estomac sont vomies ; celles des reins et de la vessie sont rendues avec l’urine ; celles des intestins sont rejetées avec les excréments ; celles des organes respiratoires ne sauraient être crachées sans qu’il y ait toux.

Si quelqu’un rend du sang par le nez et par la bouche plusieurs jours de suite, sans douleur ou pesanteur de tête, soit actuelle, soit passée, et sans coup reçu dans cette partie, il faut examiner soigneusement dans toute son étendue le méat du nez et la région de la bouche qui communique avec le nez. En effet, ce symptôme est produit souvent par une sangsue logée dans cette région, laquelle grossit chaque jour, en sorte que si dans les premiers jours elle échappait aux yeux par sa petitesse, après trois ou quatre jours elle s’apercevrait aisément[2]. De même, parfois, le sang est vomi par l’estomac quand une sangsue a été avalée. Un pareil sang est ténu, ichoreux, qu’il vienne de l’estomac, du nez ou de la bouche, de sorte qu’en l’examinant, en observant de plus l’habitude de l’individu, en l’interrogeant sur les circonstances antérieures, on peut par tout cela deviner la vérité sur la question. — Voyant un homme d’une santé irréprochable vomir un sang de cette espèce, je jugeai bon de l’interroger sur la manière dont il avait vécu les jours précédents. Entre autres détails, il raconta qu’une nuit, se trouvant altéré, il avait bu de l’eau assez impure d’une fontaine, eau que lui avait apportée son esclave. À ces mots, je lui demandai si l’on avait vu des sangsues dans l’eau de cette fontaine, et comme il me dit qu’on en voyait, je lui donnai un

  1. Voy. Méth. thérap., V, vii et suiv. et Dissert. sur la pathologie.
  2. Ce fait s’observe assez fréquemment en Algérie.