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AFFECTIONS DES ORGANES RESPIRATOIRES.

à ce but. Je lui enjoignis de respirer tout le jour et de porter constamment à son nez le médicament appelé hédychroon (ἡδύχρουν-de bonne couleur), et quand il se disposait à dormir, de se munir d’une de ces huiles précieuses (μύροι-parfums à la graisse), préparées à Rome, et qu’on appelle foliatés et spicatés (φουλίατά τε καὶ σπικάτα), et de s’en frotter les conduits du nez. Je lui donnais aussi des boissons médicamenteuses, l’antidote dit Mithridate, l’ambrosie, l’athanasie et la thériaque (Voy. Diss. sur la pharmac.). Mais après avoir bu pendant une année toutes ces drogues, il finit par mourir comme les phthisiques, ayant peut-être prolongé sa vie par le susdit régime. — J’ai aussi observé une-autre affection du poumon. En voici l’observation : un individu qui toussait depuis longtemps, et crachait des matières en petite quantité et visqueuses, commença à rendre en toussant une substance semblable à un petit grêlon. Il me l’apporta, me la montra, et peu de jours après en cracha de nouveau (phthisie calculeuse ?). Il me sembla que cette humeur visqueuse qu’il crachait naguère avait pris, en se desséchant, la consistance du grêlon. C’est pourquoi je lui donnai à boire les médicaments qui sont bons pour les asthmatiques. Ces potions bues, il crachait moins de grêlons et à de plus grands intervalles qu’auparavant ; cette affection n’en persista pas moins encore plusieurs années jusqu’à sa mort. Les grêlons, pour la plupart, égalaient en grosseur la graine appelée ers ; il y en avait de plus gros et de plus petits. J’ai vu quelques autres personnes cracher comme ce dernier, et cependant vivre plusieurs années ; de ces personnes, j’en ai vu mourir quelques-unes d’une affection des organes respiratoires, et d’autres d’une autre façon, Néanmoins aucun de ceux qui moururent ne crachait le sang.

Tout le monde connaît ce qui arriva à Antipater (voy. Aétius, VIII, lvii, et Cæl. Aurel., Chron., II, xiii), qui exerçait, non sans éclat, dans la ville de Rome. Âgé de moins de soixante ans et de plus de cinquante, il lui survint une fièvre éphémère, au déclin de laquelle il lui arriva de se tâter le pouls pour savoir ce qu’il avait à faire. Trouvant beaucoup d’irrégularité dans le mouvement des artères, il fut d’abord effrayé ; mais bientôt, sentant qu’il n’avait plus de fièvre, il se mit vite au bain, ayant le corps fatigué par les travaux et les insomnies, puis se soumit à un régime très-léger jusqu’à la fin du troisième jour, en comptant du