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DES DIVERSES ESPÈCES DE PLEURÉSIES.

pas facilement dans l’espace situé entre le poumon et les côtes, parce que la membrane qui tapisse les côtes est fibreuse, forte et difficile à diviser, il ne nie pas que le pus ne s’épanche quelquefois dans ce lieu, mais il ajoute le mot : « difficilement. » Il fallait donc rendre compte de ce fait qui a lieu difficilement, mais pourtant qui a lieu quelquefois, en enseignant les voies par lesquelles le pus est craché dans les empyèmes. En effet, si nous avons vu périr nombre de gens ainsi affectés, nous en avons vu aussi beaucoup qui ont été sauvés ; si l’on recueillait le pus rejeté par eux chaque jour, on trouverait un total parfois de six ou huit cotyles, parfois même de dix, ou plus encore. Mais je ferai une remarque que je fais bien souvent : beaucoup de médecins, ne pouvant expliquer les causes de faits très-évidents, nient ces faits, et pourtant, comme je le disais (p. 631, l. 22), tous les gens blessés qui ont des plaies pénétrantes de poitrine, rejettent immédiatement en toussant l’hydromel injecté par leur blessure. Bien plus, certains blessés, dont les plaies nombreuses ont été guéries par la méthode dite agglutinative ou destinée aux plaies sanglantes, crachent dans les premiers jours une matière purulente, lorsque tout le sang n’a pas été convenablement ni exactement exprimé par la blessure quand on secouait l’homme ainsi blessé. « Mais, dit Érasistrate, la membrane qui tapisse les côtes est forte, fibreuse et malaisée à diviser ; » ajoutez encore, si vous voulez, que la membrane qui enveloppe le poumon est douée de la même nature que l’autre ; c’est pourquoi l’une (la plèvre costale) ne laisse pas passer dans les cavités du thorax le pus [que contiennent les veines superficielles] ; l’autre (la plèvre pulmonaire), ne se charge pas non plus de le transmettre dans le poumon. Dites donc encore que le derme, beaucoup plus fort et plus épais que ces membranes pendant la réunion des fractures, ne permet pas le passage de l’humeur sanguinolente, qui, nous l’avons vu chez certaines personnes, sort si abondamment qu’elle humecte des bandages entiers. Si un tel fait se produit, il n’y a encore rien d’étonnant que la même chose ait lieu aussi à travers de minces membranes. Il eût donc mieux valu qu’Érasistrate ne mît pas en doute ce fait[1], mais bien plutôt qu’il

  1. C’est-à-dire : prétendre qu’il ne se forme pas d’épanchement au niveau des côtes.