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DES LIEUX AFFECTÉS, V, iv.

fût fermement convaincu que l’humeur qui se trouve entre le thorax et le poumon pénètre dans les trachées-artères {bronches) du poumon, et qu’elle ne va ni dans les artères lisses (artères proprement dites), ni dans les veines. En effet, suivant le même Érasistrate, ces trois espèces de vaisseaux se prolongeant ensemble et se divisant ensemble, aboutissent par leurs orifices extrêmes à la membrane qui enveloppe le poumon. Les trois orifices étant proches les uns des autres, Érasistrate aurait dû s’enquérir pourquoi la transmission a lieu dans un seul d’entre eux. En effet, il vaut mieux chercher comment les faits ont lieu que de s’efforcer de prouver qu’ils n’ont pas lieu. Et pourtant elle ne paraît pas embarrassante ni difficile à trouver, la transmission au poumon des humeurs contenues dans le thorax, transmission qui peut avoir lieu par les extrémités de la trachée-artère, Ces extrémités, en effet, n’ont pas la même étroitesse que celles des artères lisses et des veines ; d’abord, parce que la plus grande partie de la substance des trachées-artères est formée de cartilage qui ne peut arriver au dernier degré d’affaissement ; et, en second lieu, parce que la trachée-artère est beaucoup plus large que les deux autres vaisseaux. Ces deux vaisseaux se divisant donc dans le poumon en ramifications égales en nombre, il est naturel, pour maintenir toujours la proportion, que les ramifications de la trachée-artère surpassent en volume les parties des deux autres espèces de vaisseaux. Cela parait très-nettement, et l’on voit, en disséquant le viscère, que les vaisseaux placés les uns près des autres conservent toujours la même proportion eu égard à la supériorité de grandeur que les plus grands avaient dès le principe.

Érasistrate aurait dû dire cela, puis ajouter dans quelle circonstance le pus passe des cavités du thorax dans le poumon ; si c’est dans le moment de l’inspiration, de l’expiration ou du repos[1] ; ensuite, ayant montré que ce n’est ni dans le moment de l’inspiration, ni dans celui du repos, il aurait dit immédiatement que le passage a lieu au moment de l’expiration. Cela était très-facile à démontrer quand on avait établi d’abord que l’action de la respiration est accomplie par le thorax, le poumon n’ayant aucun mouvement propre ; mais quand le thorax se dilate, il se dilate

  1. Voy. p. 635, note 1.