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AFFECTIONS DU FOIE.

la fortune m’offrait un moyen de m’élever dans l’estime de Glaucon, je portai la main aux fausses côtes du côté droit du patient, et indiquant le lieu, je dis qu’il souffrait en cet endroit. Le malade l’avoua, et Glaucon, croyant que le pouls seul m’avait suffi pour diagnostiquer le lieu affecté, était dans une admiration visible. Pour l’étonner davantage, j’ajoutai : « Si vous avez reconnu que vous souffrez là, convenez encore que vous éprouvez le besoin de tousser, et qu’à d’assez longs intervalles vous êtes saisi d’une toux petite et sèche, sans expectoration. » Comme je disais ces mots, il toussa par hasard, précisément de la façon que j’indiquais. Alors Glaucon, émerveillé, ne pouvant se contenir, me combla d’éloges débités à haute voix. « Ne croyez pas, lui dis-je, que ce soient les seules choses que l’art puisse deviner touchant les malades ; il en est d’autres que je vais signaler. Le malade lui-même en rendra témoignage. » Puis m’adressant à lui : « Quand vous respirez plus fort, vous ressentez une douleur plus vive à la place que j’ai marquée ; vous éprouvez aussi de la pesanteur dans l’hypochondre droit. » À ces mots, le malade lui-même ne put se contenir ; plein d’admiration, il joignit ses exclamations à celles de Glaucon. — Comprenant le succès que j’obtenais en cette occasion, je voulais hasarder un mot sur le tiraillement éprouvé par la clavicule ; mais bien que sachant qu’il accompagne les grandes inflammations du foie comme les squirrhes, je n’osais pas m’avancer, craignant de compromettre les éloges qu’on m’avait prodigués. J’eus l’idée de glisser cette remarque avec précaution, et me tournant vers le malade. « Bientôt, lui dis-je, vous éprouverez un tiraillement de la clavicule, si déjà vous ne l’avez pas ressenti. » Il avoua le fait, et moi, regardant le malade frappé d’étonnement : « Je n’ajouterai plus, dis-je, à mes indications que cette divination : je vais déclarer l’opinion que le malade se fait de l’affection dont il est atteint. » Glaucon disait qu’il ne désespérait pas non plus de cette divination ; et le malade, stupéfait de cette promesse singulière, me jetait un regard perçant, l’esprit attentif à mes paroles. Quand j’eus dit qu’il se croyait atteint d’une pleurésie, il reconnut le fait en témoignant son admiration, et non pas lui seulement, mais encore le serviteur qui venait de lui faire des affusions d’huile, comme s’il avait une pleurésie. Glaucon, depuis ce temps, conçut une haute opinion de moi et de l’art médical, qu’il estimait peu