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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/719

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GÉNÉRALITÉS SUR LA THÉRAPEUTIQUE.

se présentent d’une manière particulière pour chaque malade, et sur lesquelles on ne peut donner, par conséquent, en théorie, aucune explication ; de sorte que nous ne pouvons écrire que sur ce qui est général, bien que ces généralités soient d’une utilité secondaire.

Il nous arrive souvent de visiter des malades que nous n’avions pas eu occasion de voir quand ils étaient en bonne santé ; nous ignorons conséquemment la couleur qu’ils avaient avant leur maladie, leur constitution normale, leur chaleur native, l’état de leur pouls ; circonstances dont la connaissance préalable nous rendrait juges compétents de la gravité du mal, car la gravité de la maladie est proportionnée à l’altération de l’état normal. Or, le degré de cette altération n’est appréciable que pour celui qui a une connaissance parfaite de l’état normal. Lorsque cette connaissance nous manque, dans la pratique, nous avons recours, pour ne pas rester complétement dans l’embarras, à l’appréciation des conditions communes ; c’est là qu’est l’avantage de celui qui connaît l’art sur ceux qui ne le connaissent point. Quel est cet avantage ? Hippocrate (Pron., § 1) est encore le premier, que nous sachions, qui en ait parlé dans ses écrits. Ceux qui sont venus après lui, et qui ont eu l’intelligence de ses œuvres, en ont beaucoup parlé. Parmi eux, il faut citer Mnésithée d’Athènes, homme habile dans toutes les parties de l’art, et qui ne le cédait à personne pour la connaissance approfondie de la méthode que l’on doit suivre dans la pratique de la médecine. Mnésithée pensait qu’il faut commencer par les classes les plus générales, pour établir successivement des espèces, des genres, des variétés. Après ces divisions, on en fera d’autres, et puis d’autres encore, jusqu’à ce qu’on arrive enfin à obtenir une unité indivisible[1]. Cela me

  1. On croyait généralement, d’après ce passage de Galien, que Mnésithée avait simplement donné une classification des maladies, une nosologie ou nosographie ; mais, si l’on avait pris la peine de recourir au Commentaire d’Étienne, dont la traduction latine, par Gadaldinus, a été publiée au xvie siècle, on aurait vu qu’il s’agissait d’une classification des causes des maladies, d’une classification des matières qui rentrent aujourd’hui pour la plupart dans l’étude de la physiologie, enfin d’une classification des maladies suivant les genres et peut-être suivant les espèces. Je ferai connaitre tout le système de Mnésithée dans mes Études sur Galien. Voyez, du reste, Étienne dans l’édition de Dietz, p. 239 et suivantes.