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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/774

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DE LA MÉTHODE THÉRAPEUTIQUE, À GLAUCON, II, vi.

et je vis l’affection complètement guérie, un tel traitement n’ayant plus pour but le mélange des qualités, mais tendant à dissiper et à diviser la substance, ce qui réussit, nous le savons, dans presque toutes les affections chroniques. Après ces détails suffisants sur les œdèmes, je passe Immédiatement aux tumeurs squirrheuses.


Chapitre vi. — Traitement du squirrhe en général.


Le squirrhe[1] pur est une tumeur contre nature, insensible et dure. Le squirrhe qui n’est pas pur n’est pas complétement insensible, néanmoins la sensation y est excessivement obtuse. Le squirrhe insensible est incurable. Le squirrhe peu sensible n’est pas incurable, mais il ne guérit pas facilement. Il provient d’une humeur visqueuse et épaisse qui s’attache sur les parties squirrheuses de façon qu’elle ne peut pas être facilement dissoute. Parfois même, dès le principe, elle s’y fixe petit à petit et augmente ; souvent elle naît par la faute des médecins, qui ont resserré et refroidi fortement des érysipèles et des inflammations. Si donc quelqu’un qui applique sur les corps squirrheux des diaphorétiques énergiques et obtient par là une diminution manifeste du squirrhe, espère sous peu de temps une guérison complète, il se flatte en vain, ignorant que par un tel mode de traitement ce qui reste de l’affection devient incurable. En effet, la partie la plus ténue de l’humeur qui est renfermée dans la tumeur, étant dissipée, ce qui en reste acquiert en se desséchant la dureté de la pierre. Il ne faut donc pas appliquer sur les parties squirrheuses un médicament qui dessèche excessivement, mais qui ait une chaleur tiède, et qui ne contienne ni trop, ni trop peu d’humidité. Un médicament excessivement humide n’évacue pas complétement ; celui qui renferme trop peu d’humidité dessèche plus fortement qu’il ne convient. Il faut donc, pour que le médicament soit utile, que le corps squirrheux éprouve quelque chose de semblable à ce qu’éprouvent au soleil les corps fondants. De tels médicaments sont dits émollients (μαλακτικά). Nous en avons parlé longuement dans le Ve livre Sur les médicaments simples

  1. Voyez pour la définition de ce mot, qui comprend une foule de tumeurs de nature différente, mais non malignes, la Dissertation sur la pathologie.