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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/90

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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XIII, xi.

si l’acromion n’était pas très-éloigné de la poitrine[1] ; mais la nature a placé la clavicule entre le thorax et l’omoplate comme un soutien.


Chapitre xi. — Différence de la position de l’omoplate par rapport au thorax, chez l’homme et chez les animaux : utilité respective de cette différence. — Nécessité de la clavicule ; du degré d’écartement qu’elle procure à l’épaule chez l’homme et chez les animaux ; comparaison du singe et de l’homme sous ce rapport. — De la forme de la clavicule : que sa double concavité est destinée à laisser un passage libre aux organes qui traversent le cou de haut en bas ou de bas en haut. — De l’os acromion ; de son union avec l’épine de l’omoplate et avec l’omoplate ; pourquoi il est cartilagineux.


Considérez de nouveau avec moi l’art admirable qui a présidé à la construction des animaux, et combien la nature est juste pour toutes choses. Il est vrai que je me suis proposé de parler de l’homme seulement ; mais souvent on ne peut pas, lors même qu’on l’évite avec soin, s’abstenir de traiter de la structure des animaux sans raison.

Ce n’est pas, en effet, au hasard et en vain que, chez l’homme, la nature a considérablement éloigné du thorax l’articulation de l’épaule, et qu’elle l’en a tout à fait rapprochée chez les quadrupèdes. C’est parce que l’homme devait se servir de ses mains pour des mouvements variés qu’elle lui a ménagé un vaste espace [entre le thorax et l’articulation du bras], tandis que chez les animaux qui n’ont pas de mains, mais des membres antérieurs disposés pour la marche comme les membres postérieurs, elle a dû faire reposer le thorax sur les jambes de devant. C’est aussi pour cela que, chez l’homme, la poitrine est large et qu’elle est en pointe et étroite chez les animaux. Si les choses eussent été disposées à l’inverse de ce qu’elles sont, chez les hommes, les fonc-

  1. Le texte vulgaire, évidemment corrompu, n’a point de sens ; il porte ταῦτα οὖν ἐγίνετο ἂν ἡμιν τὰ παθήματα κᾂν τῷ κατὰ φύσιν ἔχειν. Πλεῖστον μὲν γὰρ ἀπήχθη τοῦ στερνοῦ τὸ ἀκρώμιον. Mais d’abord B met sur la voie de la vraie leçon, car il donne εἰμί avant πλεῖστον ; en second lieu, la traduction latine a nisi ; enfin dans le passage parallèle de Théophile (V, ix, p. 200, éd. Greenhill), on lit : εἰ μὴ πλεῖστον μὲν ἀπήχθη. On suit ainsi pas à pas les transformations du texte. Εἰμί se substitue par iotacisme à εἰ μὴ ; comme le membre de phrase n’a plus après cela de construction possible, on introduit γὰρ, on met un point après ἔχειν et l’on ne tient plus compte de εἰμί, qui finit même par disparaître.