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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/89

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DE L’ÉPAULE.

cette partie absolument sans protection. D’abord elle a créé une espèce de palissade, de forme variée, au moyen des vertèbres du rachis, auxquelles elle a attaché de nombreuses apophyses, qui sont, ainsi que je l’ai déjà dit (XII, ch. xv et xvi), inclinées, les unes descendantes, les autres montantes (apoph. articulaires), ou dirigées, celles-ci obliquement sur les côtés (apoph. transverses), celles-là horizontalement (apoph. épineuses) sur toute la longueur de la colonne ; puis elle a recouvert l’espace qui se trouve de chaque côté de l’épine jusqu’aux côtes, d’abord par les omoplates, puis par une couche abondante de chairs. C’est pour cela qu’elle a fait naître de l’omoplate une épine qui est particulière à cet os, afin qu’elle devienne comme une seconde palissade pour cette région du thorax.

La nature se sert encore très-avantageusement de l’épine de l’omoplate pour un autre usage ; allongeant un peu, et en droite ligne, son extrémité supérieure et l’unissant à cet endroit à la clavicule, elle produit ce qu’on appelle l’acromion, qui recouvrira et protégera l’articulation de l’épaule, qui en même temps empêchera la tête de l’humérus de se porter en haut et écartera l’omoplate du thorax. En effet, si elle n’avait rien placé dans cette région en avant de l’articulation, cette articulation eût été lésée au premier choc, et la tête de l’humérus se fût très-aisément luxée sur le col de l’omoplate, attendu que la cavité n’est ni profonde, ni munie de rebords élevés. Si la clavicule n’eût pas été placée dans cette région, rien n’eût empêché que l’omoplate, dépourvue de toute fixité, ne fût tombée sur le thorax, et que l’articulation ne fût ainsi fortement serrée contre cette partie et que beaucoup des mouvements du bras ne fussent compromis ; car son éloignement de la poitrine, aussi grand qu’il pouvait l’être, lui permet d’exécuter des mouvements variés. Si l’articulation eût touché les côtes, ou si elle en eût été très-proche, comme cela existe chez les quadrupèdes, nous ne pourrions pas plus porter la main sur le sternum, sur l’articulation opposée, sur le sommet de l’épaule ou sur le cou, que nous ne le pouvons lorsque le bras luxé vient heurter les côtes. La luxation du bras nous rend, en effet, incapables d’étendre la main vers une partie opposée, la convexité des côtes rencontrant le bras et le repoussant dans un sens opposé sur le côté. Ce désavantage existerait lors même que les parties seraient saines,