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DE L’ÉPAULE.

et en arrière ; après lui vient l’autre petit muscle dont on a déjà parlé (petit pectoral), et qui porte le bras en bas sans le faire dévier d’aucun côté (c’est-à-dire : ni en avant, ni en arrière). Ce muscle suffisait à la nature, bien qu’il fût le plus petit de tous, attendu la propension naturelle du membre tout entier à se porter en bas ; il faut une force considérable pour élever un tel poids, mais toute espèce de corps peut être abaissée, même sans le concours d’une force psychique.

En conséquence il est juste d’admirer la nature qui, pour élever le bras, a créé le muscle du sommet de l’épaule (deltoïde) très-fort et à deux têtes, et deux autres muscles de chaque côté de l’épine de l’omoplate (sus et sous-épineux), et qui n’a fait qu’un petit muscle (petit pectoral) pour être leur antagoniste. Du reste, les muscles inférieurs de la poitrine (faisceaux du grand pectoral), comme s’ils avaient une aponévrose commune, lui viennent généralement en aide. Le muscle de la partie inférieure du dos (grand dorsal) lui prête aussi quelquefois son concours. Quand les quatre muscles tirent ensemble en vue de quelque action violente, le bras est fortement porté en bas ; mais quand il n’y a lieu à aucune action de cette nature, le petit muscle suffit.

Ici, comme partout ailleurs, la nature a mesuré avec discernement la grandeur des muscles. Elle a fait le plus grand de tous le muscle qui naît sur le sternum par une double attache, et qui de là va se fixer sur l’humérus dans le sens de la longueur de cet os, pour rapprocher le membre de la poitrine (faisceaux du grand pectoral). Si vous prétendez, ce qui est préférable, que ce sont deux muscles réunis et non un muscle à deux têtes, vous louerez encore davantage l’équité de la nature qui a fait le muscle le plus élevé beaucoup plus grand que celui qui est le plus bas, puisqu’il était chargé de la fonction la plus énergique : car il a été dit un peu plus haut que les muscles qui élèvent les membres réclament une force beaucoup plus grande, ayant à lutter contre la tendance vers le bas, tandis que les muscles qui les tirent en bas non-seulement ne sont pas gênés par cette tendance, mais sont même aidés considérablement par elle, attendu qu’elle agit dans le sens même de ces muscles ; ils peuvent donc, sans grande force, accomplir leurs fonctions. C’est pour cela que les muscles qui opèrent un mouvement de rotation dans une articulation quel-