Aller au contenu

Page:Gallon - Taterley, trad Berton, paru dans Je sais tout, 1919.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
732
JE SAIS TOUT

n’avait rien à y voir. Nous n’avons pas encore pensé à vous porter envie, ajouta-t-elle en souriant.

— Ah ! mais je crains bien que cela ne puisse vous arriver avec le temps, ajouta-t-il. Enlever à une souveraine la richesse qui lui était destinée, c’est un vrai crime !

Il baissa les yeux et la voix et ramassa ses pieds sous sa chaise, en s’y laissant glisser.

— Oh ! je vous assure que nous n’y avons pas pensé, M. Krudar, Pour nous, ce qui est fait est fait.

— Cependant, je vous assure que… reprit le cousin Hector, mais Caleb l’interrompit.

— Ce n’est pas très généreux, je trouve, M. Hector Krudar, de parler ainsi de votre fortune. Ne pouvez-vous pas considérer la chose pour un fait accompli ?

Le cousin Hector se retourna raide sur sa chaise, dévisageant son interlocuteur.

— Mon cher ami, dit-il lentement, avec une grande affabilité, il me semble que vous oubliez votre position ici, si j’ose le dire, je parlais à Mrs. Brett.

— Exactement, dit Caleb sèchement. Mais un gentleman ne parle pas d’argent à une dame. Cette dame a la bonté de m’appeler son ami, laissez-moi jouer le rôle d’ami et vous prier de lui parler d’autre chose que de ce misérable argent.

— Taterley ! s’écria Ella toute effarée.

— My dear Mrs. Brett. À propos, cette appellation me paraît bien cérémonieuse pour une aussi charmante parente. Laissez-moi vous supplier de ne pas faire attention aux remarques malséantes de ce vieillard. Il vous a évidemment forcés à le recevoir, comme il a tenté de le faire avec moi et il en prend un peu trop à son aise.

Le cousin Hector changea de sujet d’un air indifférent et s’appuya sur sa chaise, croisant élégamment ses jambes l’une sur l’autre.

Caleb s’avança d’un air irrité. Un rapide geste de la jeune femme lui imposa un moment silence et Caleb revint à la fenêtre.

— Il n’est guère nécessaire de parler de cela, dit Ella toute émue. Je suis fâchée que vous ayez à attendre Donald, il a été retenu plus tard qu’il ne le pensait, sans doute.

— Je ne puis le regretter, vraiment, reprit le cousin Hector… Autant que j’estime mon jeune ami, je suis forcé d’admettre que je…

— Voici Donald, s’écria Ella en s’élançant vers la porte et en l’ouvrant. Mais la porte grande ouverte, elle se recula désappointée.

— Je… je vous demande pardon, dit-elle à quelqu’un qui était dehors — quelqu’un qui entra d’un petit pas juvénile et saccadé et regarda tout autour dans la pièce.

Le cousin Hector murmura :

— Tiens ! l’adorable Milly. Et il resta assis silencieux.

— Oh ! je ne sais vraiment pas ce qui m’a pris de venir ici de cette façon, sans cérémonie, dit Miss Prynne en ricanant, en rentrant sa tête dans les épaules. C’est très inconvenant et j’allais me sauver quand vous avez ouvert la porte, j’avais une envie folle de voir ce cher garçon qui est vraiment un parent à moi.

Elle aperçut le cousin Hector et se mit à rire de nouveau en le regardant avec une timidité affectée.

— Et voilà encore un affreux homme prêt à se moquer de moi. Le cousin Hector parut se réveiller aux réalités et se leva, saluant l’ « adorable Milly ».

— Si j’ose croire que vous faites allusion à moi, dit-il avec un air d’inter-