Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/10

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silencieuse, comme elle est entrée, la bonne disparaît…

Un vieux en pantoufles, coiffé d’une calotte rouge de juif, a poussé la porte vitrée ; le bruit l’a sans doute attiré.

Non, il est sourd.

Je lui crie que je veux mon billet de passage. Sa barbe s’ouvre dans un sourire ; il lève des mains bénissantes.

Il sort. Il est déjà de retour.

— Voici votre billet, monsieur, mais vous avez le temps. Asseyez-vous là, un peu… Ah ! vous êtes Français… Et vous allez à Paramaribo… Mon Dieu, quelle idée !…

Il me retient par l’habit.

— Moi aussi, j’aurais bien voulu aller à Surinam avant de mourir. C’est une belle colonie. Je ne connais personne qui y ait vécu. C’est ainsi… Les fonctionnaires et les marchands hollandais prennent l’autre ligne. Nous, nous n’avons que le fret, bien que notre bateau soit aménagé pour recevoir les passagers. De temps à autre, un étranger qui va aux Antilles nous demande, comme vous, un passage…

Et il y a, alors, deux hypothèses : ou bien le voyageur s’est trompé de compagnie, il a vu dans le guide la liste des départs, et il vient…